Alors que l’été météorologique est maintenant terminé et que des vagues de chaleur continuent d’affecter l’Europe, on peut tirer un bilan de l’été 2023. Il est particulièrement inquiétant et plusieurs signaux devraient attirer l’attention de nos gouvernants. Les dernier mois ont montré les conséquences radicales du réchauffement climatique.
Les indicateurs météorologiques se sont affolés partout dans le monde durant l’été 2023. Sur terre comme en mer, on a enregistré plusieurs événements climatiques extrêmes, d’une ampleur rarement observée. Alors que les températures ont atteint des records historiques en France et ailleurs dans le monde, des incendies dévastateurs ont ravagé des milliers d’hectares en Grèce et au Canada. La température de surface des océans et des mers est restée anormalement élevée.
« Canicule » a été la maître mot de l’été écoulé en France, avec de nouveaux records de températures. L’indicateur thermique (IT) a été mesuré à 27,8°C, le 24 août 2023, journée la plus chaude de cet épisode caniculaire, battant pour la quatrième fois d’affilée le record de la journée la plus chaude jamais enregistrée à l’échelle nationale pour une seconde quinzaine d’août. Depuis sa création en 1947, l’IT n’avait jamais atteint de tels niveaux à cette période de l’année. Des villes proches des Alpes comme Grenoble et Chambéry sont restées pendant de longues périodes en « Vigilance canicule » ; on imagine facilement l’effet de ce dôme de chaleur sur les glaciers alpins et sur le permafrost de roche On a recensé de très nombreux effondrements au cours de l’été, avec des fermetures de refuges pour des raisons évidentes de sécurité (voir ma note du 28 août 2023).
La France n’est pas une exception. La température moyenne de la planète a atteint des niveaux record. Selon les relevés de l’agence européenne Copernicus, avec 16,95°C, la température moyenne relevée à travers le globe en juillet 2023 a été la plus élevée, tous mois confondus, depuis le début des mesures en 1940. De son côté, l’OMM précise que le mois a été environ 1,5 °C plus chaud que la moyenne de 1850-1900.
Le graphique ci-dessous, fourni par la NOAA, montre que la température moyenne en 2023 se situe largement au-dessus des années précédentes.

Source : NOAA
Comme ce fut le cas en 2022 en France avec le gigantesque incendie qui a détruit la forêt au sud d’Arcachon, des feux ont ravagé des milliers d’hectares de végétation en Grèce et au Canada. Selon un porte-parole de la Commission européenne, l’incendie en Grèce est « le plus grand jamais enregistré dans l’Union européenne. »
De l’autre côté de l’Atlantique, le Canada a vécu un été terrible sur le front des incendies. Les mégafeux de forêt qui ravagent le pays depuis le mois de mai 2023 ont brûlé 15,6 millions d’hectares, soit l’équivalent du territoire de la Grèce. Depuis le début de l’année 2023, 6 049 départs d’incendies ont été recensés au Canada, dont 1 063 toujours actifs. Parmi eux, 695 étaient toujours hors de contrôle le 31 août. Ces départs de feux ont été favorisés par un hiver particulièrement court et un printemps sec et venteux accompagné d’orages violents
Ces milliers de feux de forêt génèrent d’importantes quantités de dioxyde de carbone qui viennent s’ajouter à celles déjà présentes dans l’atmosphère. Les concentrations de CO2 atteignent actuellement plus de 418 ppm au sommet du Mauna Loa (Hawaii), ce qui est considérable. A eux seuls, les feux canadiens ont émis l’équivalent de plus d’un milliard de tonnes de dioxyde de carbone. Cela correspond pratiquement aux émissions annuelles du Japon, cinquième plus gros pollueur mondial.
La température de surface des mers et des océans ne cesse d’augmenter, avec un record absolu enregistré le 21 août 2023 : 21,1°C ! Sur la période 1982-2011, la moyenne la plus haute atteignait à 20,29°C, soit 0,81°C degré de moins. Ces hausses de la température marine ont des conséquences désastreuses pour les écosystèmes. On observe en particulier des migrations de poissons vers des zones plus froides.

Source: NOAA
La hausse de température des océans a forcément des effets sur la banquise. Celle de l’Antarctique a connu une fonte historique en février 2023. La glace a alors atteint son étendue la plus faible depuis 45 ans, date du début des mesures par satellite. Entre le mois de juin et d’août, période qui correspond à l’hiver dans l’hémisphère Sud, la banquise n’a pas réussi à se reconstituer. Le 26 août, son étendue s’élevait à seulement 16,17 millions de km2, contre 18,54 millions de km2 pour la moyenne de référence.

Source : NSIDC
Cette réduction de la banquise a de graves conséquences sur la reproduction des manchots empereurs. Sur cinq colonies surveillées dans la région de la mer de Bellingshausen, à l’ouest de l’Antarctique, toutes sauf une ont subi une perte catastrophique de 100% de poussins. Ces derniers se sont noyés ou sont morts de froid (voir ma note du 26 août 2023 sur cet événement).
Sources : France Info, Copernicus, NOAA.