J’ai lu ces jours-ci sur le site lexpress.fr un article très intéressant qui aborde « l’éco-anxiété », une conséquence très récente du réchauffement climatique au sein de la population. Pour de plus en plus de personnes, les questions environnementales sont devenues une réelle source de souffrance psychique. Certaines présentent des angoisses, ou des réveils nocturnes fréquents, accompagnés d’une panique autour du réchauffement climatique. Beaucoup se posent la question : quel monde va-t-on laisser à nos enfants ?
Le mal est trop récent pour que l’on puisse avancer des chiffres fiables, mais selon les psychiatres ces maux sont de plus en plus fréquents, en particulier depuis environ un an. En octobre 2018, un sondage de l’IFOP indiquait que 85 % des Français étaient inquiets du réchauffement climatique, une proportion en hausse de 8 points par rapport à l’année 2015. Ce taux grimpait même à 93 % chez les 18-24 ans. Si cette préoccupation générale de la population ne relève pas forcément de l’éco-anxiété, pour certaines personnes les questions environnementales sont devenues une réelle source de souffrance.
En tant que tel, l’éco-anxiété n’est pas reconnue officiellement comme une maladie par le monde de la psychiatrie. L’American Psychological Society y a toutefois fait référence en 2017, évoquant une « peur chronique d’un environnement condamné. » Selon cette Société, il ne s’agirait pas forcément d’une maladie mentale, mais d’une forme de sensibilité à l’état du monde. Cette pathologie regroupe les personnes qui se sentent inquiètes, stressées, tristes et même en colère quand elles constatent les différentes dégradations faites à la planète en raison des activités humaines.
Plutôt que d’éco-anxiété, certains psychiatres préfèrent parler de « solastalgie », un terme développé en 2007 par un philosophe australien de l’environnement. Il est la contraction de « solace » [« réconfort », en anglais] et algie [douleur]. Le chercheur a mis au point ce concept après avoir observé la détresse de populations confrontées à la destruction de leur environnement. La « solastalgie » représente un éventail d’émotions plus large que l’anxiété. Ainsi, certaines personnes qui se sentent « solastalgiques » peuvent connaître des troubles éco-anxieux, mais ce n’est pas nécessairement le cas.
Il est bon de noter que la notion de culpabilité est aussi souvent associée à la constitution de l’anxiété. Dans ce cas, les personnes se rendent personnellement responsable du réchauffement climatique. Ce sentiment est assez lourd à encaisser psychiquement car il met en cause l’existence même.
D’une manière générale, l’avenir est rarement envisagé sous ses meilleurs auspices. Certaines personnes sont persuadées que l’effondrement de la civilisation est inévitable. Elles expliquent qu’il y aura des millions de réfugiés climatiques. Parmi les scénarios envisagés figure celui d’une bataille pour l’accès aux ressources, voire une guerre civile. On aborde ici le concept de « collapsologie », un néologisme désignant l’étude de l’effondrement (‘collapse’ en anglais) de la civilisation industrielle, et ce qui pourrait lui succéder.
Effondrement ou pas, l’éco-anxiété deviendra probablement de plus en plus fréquente dans les années à venir. Nous ne vivons que les prémices du réchauffement climatique, donc cela va potentiellement devenir un problème de santé publique. Dans les années 1950, il existait la peur d’une guerre atomique. Ces attitudes font partie de la nature humaine qui doit faire face à une anxiété existentielle.
Source : L’Express.
NDLR : Les nombreux articles que j’écris à propos de la fonte des glaciers sous les coups de boutoir du réchauffement climatique n’ont pas pour but de déclencher un mouvement de panique parmi les personnes qui consultent mon blog. Je désire simplement alerter la population et mettre en garde contre un danger dont les conséquences sont difficiles à apprécier. Ayant vécu près de deux tiers de siècle, je n’aurai probablement pas – ou très peu – à subir les catastrophes climatiques à venir, car catastrophes il y aura. Celle que je redoute le plus concerne le manque d’eau qui déclenchera forcément des migrations de populations et probablement des guerres. On va me rétorquer que nous aurons toujours des solutions pour produire de l’eau potable, par exemple en dessalant l’eau de mer. Oui, mais à quel prix et avec quelle énergie ? Toutes les nations ne pourront pas s’offrir ce luxe…
Avec la fonte des glaciers et de la calotte polaire va inévitablement se poser le problème de la hausse du niveau des océans, avec des conséquences faciles à imaginer pour les populations littorales (Photo: C. Grandpey)