Les leçons de l’éruption du Puyehue (Chili)

La Nouvelle Zélande est à nouveau à l’honneur avec un article de la revue Science qui explique que des scientifiques « kiwi »se sont rendus en Argentine pour étudier les effets de l’éruption chilienne du Puyehue, en particulier au niveau des dépôts de cendre. L’Ile du Nord en Nouvelle Zélande est volcanique et plusieurs édifices – tel le Taranaki mentionné dans ma note précédente – sont susceptibles d’émettre des nuages de cendre aux effets extrêmement gênants.

 

L’éruption du Puyehue a duré plusieurs mois et j’ai souvent eu l’occasion de parler des désagréments causés par la cendre, tant au niveau du trafic aérien que de l’élevage, ou encore des activités touristiques. Les problèmes causés à l’aviation ont concerné tout l’hémisphère sud et nombre de vols entre le Chili ou l’Argentine et l’Australie et la Nouvelle Zélande ont dû être annulés. En effet, le volcan a envoyé en quasi permanence – surtout vers l’Argentine à cause des vents dominants – des nuages de cendre dont la couche atteignait parfois plusieurs centimètres. Les effets de cette cendre sont d’ailleurs encore visibles aujourd’hui, accentués par le vent qui souffle fortement sur les hautes terres. Ainsi, l’équipe néo-zélandaise a été confrontée à des nuages soulevés du sol par le vent, avec une visibilité inférieure à 200 mètres. De plus, la cendre est très abrasive et un appareil photo de l’équipe scientifique en a fait les frais.  

 

Le but de la mission néo-zélandaise était de voir dans quelle mesure les effets négatifs et nocifs de la cendre pouvaient être réduits, en sachant que la Nouvelle Zélande est moins exposée aux vents forts et le climat plus humide permettrait probablement d’éliminer la cendre plus rapidement. Cette élimination par l’eau de pluie présente toutefois des risques. D’une part, des coulées de boue ou lahars pourraient se déclencher dans les secteurs les plus pentus. D’autre part, la cendre pourrait entraver le lit des rivières et entraîner des inondations des terres agricoles autour du Taranaki.

Une des conclusions de l’équipe néo-zélandaise est qu’il faudrait anticiper les problèmes causés par la cendre et se tenir prêt à l’évacuer le plus tôt possible en mobilisant des engins de déblaiement et en prévoyant des lieux de stockage de cette cendre. San Carlos de Bariloche (à 100 km du cratère du Puyehue) est une station de sports d’hiver réputée mais elle a été sinistrée par l’éruption. Il a fallu près de deux mois pour se débarrasser d’une couche de 5 centimètres de cendre, ce qui est bien sûr trop long.  

Dans le cas des terres agricoles, l’équipe néo-zélandaise pense qu’il faudrait veiller à évacuer le bétail des zones recouvertes par la cendre, quitte à abattre certains animaux pour réduire la taille du cheptel. (N’oublions pas que les troupeaux de moutons, et même de bovins, ont des tailles considérables en Nouvelle Zélande). Néanmoins, dans la plupart des cas, tout devrait bien se passer.

S’agissant de la Nouvelle Zélande, il faudra également gérer la situation de la ville d’Aukland qui pourrait être affectée par une éruption de l’un des volcans de l’Ile du Nord, en sachant que la ville elle-même est construite sur un site volcanique où de petits édifices ne sont pas forcément éteints ! Au nombre des volcans susceptibles d’envoyer leur cendre jusqu’à Auckland, il faut nommer le Ruapehu et le Ngauruhoe, sans oublier le Taranaki. Il ne s’agit là que de « petits » volcans dont les dommages seraient bien inférieurs à ceux causés par une éruption de volcans comme le Taupo qui expédieraient dans l’atmosphère des centaines de milliers de mètres cubes de matériaux. Dans un tel cas, il n’y aurait pas grand-chose à faire. Toute l’Ile du Nord serait probablement dévastée.

Les scientifiques pensent que l’éruption d’un volcan comme le Tarawera (la dernière a eu lieu en 1886) serait comparable à celle du Puyehue.

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En cas d’éruption, la cendre du Ruapehu (en haut) et du Ngauruhoe (en bas) pourrait perturber la vie dans l’Ile du Nord (Photos: C. Grandpey)

 

 

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