Lancées le 18 novembre 2008 dans le cadre de la Dynamique Espoir Banlieues par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et par la Secrétaire d’Etat en charge de la politique de la ville, les « cordées de la réussite » ont pour objectif de promouvoir l’égalité des chances et la réussite des jeunes issus de milieux défavorisés face à l’entrée dans l’enseignement supérieur, et notamment dans des filières d’excellence comme les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles.
L’une de ces « cordées de la réussite » a été mise en place au Lycée Turgot de Limoges (http://www.lyc-turgot.ac-limoges.fr/) et le chef d’établissement m’a demandé si j’accepterais de parrainer cette initiative conjointement avec un universitaire québécois. Ayant enseigné pendant de nombreuses années en classes préparatoires, j’ai accepté cette proposition. Mon rôle consistait à faire découvrir à de jeunes élèves la volcanologie au travers d’images recueillies sur le terrain et de les conduire à Vulcania, au cœur de l’Auvergne.
Les jeunes et leurs accompagnateurs sont revenus très satisfaits de leur journée auvergnate. Il est vrai que l’encadrement des groupes par des guides charmants et très compétents – un grand merci à Fabrice et Laurent – a largement contribué au succès de cette visite de Vulcania. Les manipulations, aussi simples soient-elles, qui ont été proposées aux collégiens et lycéens sont excellentes.
Le site de Vulcania appelle toutefois un certain nombre de remarques de ma part. Cette infrastructure a tout d’abord été créée pour être un centre de culture scientifique autour du volcanisme, mais elle est aujourd’hui devenue davantage un parc d’attraction destiné à divertir des touristes en mal de sensations. On est bien loin du rêve caressé par les regrettés Katia et Maurice Krafft et leur projet de musée du volcanisme à l’intérieur du Puy de Dôme! L’exposition qui leur est consacrée constitue toutefois l’un des pôles intéressants de Vulcania. J’espère personnellement qu’une salle identique sera dédiée à Haroun Tazieff dans les prochains mois ou les prochaines années. Par leur charisme et leurs films, ces trois volcanologues ont joué un rôle majeur dans la vulgarisation de la volcanologie. Ils ont laissé un grand vide derrière eux et, à l’heure actuelle, personne n’a réussi à le combler.
Comme je l’ai déjà signalé, un défaut majeur de Vulcania est la qualité médiocre de bon nombre d’images proposées. Nous sommes loin de la Haute Définition ! Quelle différence avec le Kennedy Space Center que j’ai visité il y a quelques semaines en Floride! S’agissant des films, on baigne davantage dans l’ambiance de réalisations comme Le Pic de Dante, Volcano ou L’Age de Glace que dans la réalité volcanique de l’Etna ou du Kilauea !! Il faudra que l’on m’explique pourquoi les guides précisent (avec raison) que le Puy de Dôme et les autres volcans du même type sont des volcans monogéniques qui n’entreront plus en éruption alors que le film « Le Réveil des Volcans d’Auvergne » simule le Géant d’Auvergne – ou l’un de ses voisins immédiats – en train de déverser des coulées pyroclastiques !!! Cherchez l’erreur !!
Je ne voudrais pas être critique à 100%. Certains pôles comme la reconstitution de bassins hydrothermaux ou la forêt de fougères arborescentes sont dignes d’intérêt. Pourtant, en sortant du bâtiment et en regardant le fond de la pseudo Bocca Nuova de l’Etna, je me disais que je n’avais encore jamais vu de bouches souffleuses de flammes (avec relents de gas-oil!) au fond du modèle sicilien ! Les grondements émis sont pourtant assez authentiques. Quant au geyser, il ressemble davantage au jet d’eau de Genève qu’aux jaillissements de Yellowstone! Il est vrai que ces défauts échapperont à la plupart des visiteurs qui n’ont jamais eu l’occasion d’arpenter les pentes de volcans actifs.
Au bout du compte, même si Vulcania mérite le détour, je trouve personnellement que la visite du Puy de Lemptégy – « Le volcan à ciel ouvert » situé de l’autre côté de la route – présente une plus grande authenticité en permettant de pénétrer au cœur même du volcan dont les projections avaient recouvert, il y a quelque 30 000 ans ….le site de Vulcania !
La montre de Maurice Krafft s’est arrêtée le 3 juin 1991 à 15h18…
(Photos: C. Grandpey)