Les Néo-Zélandais vont essayer de tirer les leçons des séismes qui ont sévèrement affecté la ville de Christchurch dans l’Ile du Sud et ils voudraient fournir au gouvernement les outils nécessaires pour faire face aux conséquences d’une éruption du Mont Taranaki (également appelé Egmont), à proximité de la côte occidentale de l’Ile du Nord. La dernière éruption de ce volcan s’est probablement produite en 1755-1800 et il est toujours considéré comme actif.
Le projet, conduit conjointement par le département des risques volcaniques de l’Université de Massey et la société Market Economics, a reçu une subvention de 250 000 dollars pour être mené à bien. Les participants vont s’appuyer sur des simulations de scénarii éruptifs du Mont Taranaki mis sur pied à partir de travaux sur le terrain.
Etablir un parallélisme entre un séisme et d’une éruption volcanique n’est pas facile car, dans le premier cas, la reconstruction peut reprendre rapidement une fois les secousses terminées alors qu’une éruption peut s’étaler sur plusieurs années et il est beaucoup plus difficile de mettre en place rapidement un plan de reconstruction.
Les universitaires néo-zélandais sont parvenus à retracer l’histoire éruptive du Taranaki sur une période de 10 000 ans et sont même remontés jusqu ‘à 32 000 ans grâce à des prélèvements effectués dans un marécage près d’Eltham. Ils sont arrivés à la conclusion que le Taranaki présente des cycles éruptifs avec une alternance de périodes de fréquentes petites éruptions et de séquences éruptives plus fortes, mais moins longues dans le temps. Les cycles durent environ 1500 ans. Le volcan traverse actuellement une période calme. Comme indiqué précédemment, la dernière éruption qui a donné naissance au dôme sommital s’est produite vers 1800.
Les chercheurs n’étudient pas seulement la fréquence des éruptions, mais aussi leur nature, en particulier les processus physiques et chimiques qui interviennent au niveau du magma pendant leur déroulement. Le but est de mieux comprendre un cycle éruptif du Taranaki et de savoir exactement à quel moment du cycle nous nous trouvons afin de prévoir l’activité éruptive future.
Il est intéressant de noter que les Néo-Zélandais travaillent parallèlement sur le Mérapi (Indonésie) qui est censé ressembler fortement au Taranaki, tant par sa forme que par la composition de sa lave. Ils voudraient savoir si les cycles éruptifs sont les mêmes sur ces deux volcans ou si le Taranaki se comporte différemment.
Source : Massey University.
Ce travail est fort louable et on reconnaît bien la stratégie des universitaires qui adorent s’appuyer sur les notions de cycles et sur les simulations informatiques en volcanologie. Vouloir comparer le Taranaki et le Mérapi est audacieux ! Les deux volcans ne sont pas proches l’un de l’autre et il est fort à parier que chacun d’eux a son propre comportement, voire son propre cycle, si l’on accepte celle notion, ce qui n’est pas mon cas. Certes, les laves sont semblables, mais c’est aller un peu vite en besogne que de faire une assimilation avec le volcan indonésien ! C’est comme si l’on voulait mettre en parallèle le comportement éruptif du Kilauea et du Piton de la Fournaise ! Mon expérience sur le terrain m’incite à penser que chaque volcan, aussi semblable soit-il à un autre, a son propre comportement. S’agissant de l’Etna, j’ai même pu observer que les cratères sommitaux agissaient le plus souvent indépendamment les uns des autres.
Le projet de gestion des risques par les Néo-Zélandais est en revanche une très bonne idée car, que ce soit pour un violent séisme ou une éruption volcanique majeure, les autorités sont confrontées au problème de la reconstruction qui doit être effectuée le plus vite possible.

Les principaux volcans néo-zélandais, avec le Mont Egmont (Taranaki étant son nom maori) à l’ouest de l’Ile du Nord. (Avec l’aimable autorisation de l’USGS).