Islande : le Snæfellsjökull en lice pour l’élection présidentielle // Iceland : Snæfellsjökull in the running for presidential election

La campagne présidentielle islandaise – l’élection doit avoir lieu le 1er juin 2024 – a un nouveau candidat : le glacier Snæfellsjökull. Ses supporters affirment qu’il remplit les conditions requises pour se présenter : c’est un citoyen islandais âgé de plus de 35 ans, sans casier judiciaire et avec une pétition pour le soutenir.

Lancée officiellement le 15 mars, la campagne met l’accent sur l’écologie afin de « progresser vers une prise de conscience environnementale et une unité globale. » Dans un récent communiqué de presse, on peut lire : « Nous pensons qu’il est temps de remettre en question le statu quo dans le paysage politique conventionnel, et d’élire un candidat qui symbolise l’endurance, la résilience et l’interconnectivité globale. Le Snæfellsjökull est déjà un emblème de l’Islande et un gardien de la sagesse géoculturelle ; il représente l’essence même de la stabilité et de la durabilité. Avec une présence imposante et une attitude sereine, le Snæfellsjökull incarne un équilibre entre fermeté et adaptabilité, des qualités indispensables dans notre monde en évolution rapide. »
La campagne souligne également l’importance de la gestion de l’environnement. En présentant un être non humain à la présidence de l’Islande, la campagne espère sensibiliser davantage à la durabilité et à l’éco-justice.

Le Snæfellsjökull – glacier sur une montagne enneigée – est un stratovolcan coiffé d’un glacier vieux de 700 000 ans, dans l’ouest de l’Islande, à l’extrémité de la péninsule de Snæfellsnes.

Le Snaefellsjökull vu depuis le ciel (Photo: C. Grandpey)…

…et depuis le sol (Icelandic Met Office)

La montagne est l’un des sites les plus célèbres d’Islande, principalement grâce au roman Voyage au centre de la Terre (1864) de Jules Verne, dans lequel les protagonistes trouvent sur le Snæfellsjökull l’entrée d’un passage menant au centre de la Terre. Le volcan figure également en bonne place dans le roman Kristnihald undir Jökli (1968) du prix Nobel islandais Halldór Laxness. publié en français sous le titre Úa ou Chrétiens du glacier.

« Nous descendions une sorte de vis tournante. » Gravure d’Edouard Riou pour l’édition du Voyage au Centre de la Terre de 1867 (Source: Wikipedia)

D’un point de vue géologique, le Snæfells possède de nombreux cônes pyroclastiques sur ses flancs. Les cratères sur les flancs inférieurs ont produit des coulées de lave basaltique tandis que ceux sur les flancs supérieurs ont produit les laves plus riches en silice. Les coulées de lave de l’Holocène descendent jusqu’à la mer sur toute la moitié ouest du volcan. Les roches volcaniques les plus anciennes datent d’environ 800 000 ans. Durant l’Holocène, il y a eu entre 20 et 25 éruptions.
Trois éruptions pliniennes majeures (avec un VEI 4) se sont produites il y a 8 000 à 9 000 ans, il y a 4 000 ans et il y a 1 800 ans. Cette dernière est considérée comme le plus importante de l’Holocène ; l’événement a émis jusqu’à 1 km3 de matériaux et donné naissance à un champ de lave d’environ 30 km2.
Source  : médias d’information islandais, Global Volcanism Program.

A noter que le Snaefellsjökull est, lui aussi, victime du réchauffement climatique. Dans une note publiée le 23 mai 2019, j’expliquais qu’en août 2012, pour la première fois de son histoire, le sommet du Snæfellsjökull avait perdu sa calotte de glace.

Le Snæfellsjökull (Islande) : un glacier en péril // A glacier at risk

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Iceland’s presidential race – due to be held on June 1st, 2024 – has a new candidate : Snæfellsjökull glacier. Its defenders assert that it meets the requirements of being an Icelandic citizen, aged over 35, with no criminal record, and with a supporting petition.

Launched officially on March 15th, the campaign emphasises ecology in order to “move towards environmental consciousness and global unity.” In a recent press release, one coulsd read : “Amidst the conventional political landscape, we believe it’s time to challenge the status quo and elect a candidate that symbolizes endurance, resilience, and global interconnectedness. Snæfellsjökull is already an emblem of Iceland and a custodian of geo-cultural wisdom, representing the very essence of stability and sustainability. With a towering presence and serene demeanor, Snæfellsjökull embodies a balance of steadfastness and adaptability, qualities much needed in today’s rapidly changing world.”

The campaign also stresses the importance of environmental stewardship. By nominating a non-human being to the presidency of Iceland, the campaign hopes to bring greater awareness to sustainability and eco-justice.

Snæfellsjökull – glacier on a snow mountain – is a 700,000-year-old glacier-capped stratovolcano in western Iceland, at the end of the Snæfellsnes peninsula.

The mountain is one of the most famous sites of Iceland, primarily due to the novel Journey to the Center of the Earth (1864) by Jules Verne, in which the protagonists find the entrance to a passage leading to the center of the Earth on Snæfellsjökull. The volcano also figures prominently in the novel Under the Glacier (1968) by Icelandic Nobel laureate Halldór Laxness.

From a geological point of view, Snæfells has many pyroclastic cones on its flanks. Lower-flank craters produced basaltic lava flows and upper-flank craters intermediate-to-silicic material. Holocene lava flows extend to the sea over the entire western half of the volcano. The oldest volcanic rocks date back around 800,000 years. During the Holocene, there were between 20 and 25 eruptions.

Three major Plinian eruptions (with a VEI 4) occurred 8,000 to 9,000 years ago, 4,000 years ago and 1,800 years ago. The latter was identified as the largest of the Holocene ; the event released up to 1 km3 of volcanic material and generated a lava field that covered approximately 30 km2.

Source : Icelandic news media, Global Volcanism Program.

Snaefellsjökull is also a victim of global warming. In a post published on May 23rd, 2019, I explained that in August 2012, for the first time in its history, the summit of Snæfellsjökull had lost its ice cap. (see link above).

Voyage au centre de la Terre // Journey to the centre of the Earth

drapeau francais   Depuis des siècles, l’Homme essaye de comprendre l’intérieur de la Terre. Les géologues tentent de donner des explications scientifiques tandis que les écrivains utilisent leur imagination pour décrire les profondeurs de notre planète. Dante imaginait le centre de la Terre comme un désert de glace où la lumière divine n’avait pas accès. De son côté, Jules Verne espérait l’atteindre en faisant pénétrer ses héros par le cratère du Snaefells islandais.

Cette volonté de fouiller les entrailles de la Terre a persisté au 20ème siècle, en particulier avec l’exploration de grottes comme le gouffre de Krubera-Voronja, dans la partie occidentale du Caucase, qui a été visitée jusqu’à une profondeur de 2191 mètres.

Les mines d’or les plus profondes du monde – TauTona et Savuka – en Afrique du Sud sont exploitées jusqu’à plus de 3900 mètres.

En mai 1970, pour célébrer l’anniversaire de Lénine, l’Union soviétique avait initié en secret le projet « SG-3 » sur la Péninsule de Kola, au nord du pays. Il s’agissait d’un forage destiné à étudier la discontinuité de Mohorovicic (souvent raccourcie à Moho) qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de profondeur dans cette région du globe. Le projet s’est poursuivi jusqu’en 1989, année où des problèmes techniques et financiers ont conduit à son abandon à 12 261 mètres de profondeur.

Les Etats-Unis ont eu la même idée, mais dans un secteur où la croûte océanique est moins épaisse (5 – 10 km). Le projet Mohole a débuté en 1961 pour prendre fin en 1966. Des échantillons de plancher océanique de 170 mètres de longueur ont été récoltés et le forage a atteint 3500 mètres.

De nos jours, certains rêvent de disposer d’une foreuse qui permettrait d’atteindre le manteau terrestre, mais les mécènes ne se bousculent pas au portillon et il y a des chances pour que le coeur de notre planète garde ses secrets pendant encore de très nombreuses années !

Source : Scientific American.

 

drapeau anglais   For centuries, Man has tried to understand the Earth’s interior. Geologists attempt to give scientific explanations while writers use their imagination to describe the depths of our planet. Dante imagined the centre of the Earth as a desert of ice where the divine light had no access. For its part, Jules Verne hoped to reach it with its heroes entering the crater of Icelandic Snaefells.
This desire to search the bowels of the Earth has persisted in the 20th century, especially with the exploration of caves like Krubera-Voronja in the western part of Caucasus, which was visited to a depth of 2,191 metres .
The deepest gold mines of the world – TauTona and Savuka –  in South Africa are exploited to more than 3,900 metres.

In May 1970, to celebrate the birthday of Lenin, the former Soviet Union initiated the secret project “SG-3” on the Kola-Peninsula. The drilling project planned to study the Mohorovicic discontinuity, situated at a depth of 15 kilometres. The project continued until 1989, when technical and financial problems stopped the drill at 12,261 metres.
The United States initiated a similar ambitious project, but decided to drill the thinner oceanic crust (5-10 kilometres thick). Project Mohole started in 1961 and was abandoned in 1966, after recovering 170 meters long cores from the ocean floor in a depth of 3.500 meters.

Nowadays, some people dream of having a drill that would get to the mantle, but the sponsors are not lining up at the gate and there is a chance that the heart of our planet will still keep its secrets for numerous years!
Source: Scientific American.

Snaefells-blog

Les Snaefells (Islande) cher à Jules Verne