Nouvelle mort d’un glacier

Ce n’est pas la première fois et ce n’est malheureusement pas la dernière. Le 2 septembre 2023, une cérémonie d’obsèques symbolique a été organisée dans l’Isère pour attirer l’attention sur la mort du glacier de Sarenne (massif de l’Oisans) et alerter sur les conséquences du réchauffement climatique. Aujourd’hui réduit à quelques blocs de glace, le glacier de Sarenne est sur le point de disparaître. On se souvient qu’une cérémonie identique avait été organisée en Islande le 18 août 2019 pour attirer l’attention du public sur la mort de l’Okjökull. De la même façon, les élus écologistes régionaux ont déposé le 23 octobre 2019 une plaque « à la mémoire du glacier Arriel » qui a définitivement fondu dans les Pyrénées béarnaises, victime, lui aussi, du réchauffement climatique.

Le 18 novembre 2020, j’ai écrit une note annonçant la mort prochaine du glacier de Sarenne :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/11/18/glacier-de-sarenne-isere-une-mort-annoncee/

Dans les années 1980, le glacier de Sarenne présentait encore une épaisseur de plusieurs dizaines de mètres, jusqu’à 80 par endroits. Situé à seulement 3.000 mètres d’altitude, exposé plein sud, sa fonte s’est considérablement accélérée ces dernières décennies.

C’est au col de Sarenne que s’est réuni un groupe de personnes parmi lesquelles des représentants de l’association Mountain Wilderness, très engagés sur les sujets de préservation de la montagne. La fonte du glacier a dépassé les prévisions des glaciologues. Comme l’a déclaré l’un d’eux : « Le stock de glace qui était très important, jusqu’à 80 mètres d’épaisseur il y a 25 ans, se réduit à quelques épluchures plaquées contre les falaises. On pense que dans deux ou trois ans il n’y aura plus rien du tout. Qu’il y ait encore des climatosceptiques, c’est complètement incompréhensible, car tout nous montre que le climat se dérègle et lutte contre l’humain ».

Pour les scientifiques, avec ce glacier c’est bien plus que de la glace qui disparaît, c’est aussi un formidable outil de mesure. C’est la plus ancienne série de mesures de bilan de masse des Alpes françaises, qui a commencé en 1949, et parmi les 10 séries de mesures les plus longues au monde.

Le but de ces différentes cérémonies d’obsèques symboliques est d’empêcher une banalisation de la fonte des glaciers et de déclencher une prise de conscience parmi la population. Au vu des contacts que j’ai pu avoir avec d’autres randonneurs dans les Alpes, c’est loin d’être la cas. La violence du phénomène n’est pas encore entrée dans les esprits. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, les glaciers sont les châteaux d’eau des Alpes, c’est grâce à eux que peuvent se développer toutes les activités humaines. Quand un glacier disparaît, c’est une partie de notre humanité qui meurt elle aussi.

Source : presse régionale.

Le Glacier de Sarenne en 1906 et en 2016 (Source : Skipass)

Glacier de Sarenne (Isère) : une mort annoncée

Situé près de l’Alpe d’Huez (Isère), le glacier de Sarenne est étudié depuis plus de 100 ans et, comme l’Okjökull en Islande, il est en train d’être emporté par le réchauffement climatique. On pourra bientôt apposer une plaque commémorative indiquant sa mort.

Les scientifiques qui l’observent régulièrement indiquent qu’il ne reste plus qu’une épaisseur d’une dizaine de mètres de glace sur une toute petite surface et que ce sera bientôt la fin des relevés. En un siècle, il a perdu 120 mètres d’épaisseur. Ces derniers temps, il a perdu 180 centimètres d’épaisseur en un mois, soit six centimètres par jour. L’espérance de vie du glacier est estimée à cinq ans maximum.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, on a pratiqué pendant près de 45 ans le ski d’été sur le glacier. Dans les années 1960-1970, la station de l’Alpe d’Huez a placé de gros espoirs sur le glacier et investi des moyens financiers colossaux pour l’époque. Elle fut la première en France à proposer du ski d’été sur le Sarenne en 1970.

Aujourd’hui, tout a changé. Plus de glacier et plus de ski d’été. Un lac est apparu près de la base du glacier. C’est ce qui se passe sur la plupart des glaciers à l’agonie ailleurs dans le monde

Par sa facilité d’accès depuis Grenoble, le glacier de Sarenne a été pendant 72 ans (1948-2020) l’un des glaciers de référence pour l’étude glaciologique. Il possède donc l’une des plus longues périodes de relevés glaciologiques au monde.

Sources : France Info, Météo France.

Le Glacier de Sarenne en 1906 et en 2016 (Source : Skipass)