La nourriture à Pompéi en 79 apr. J.-C

Au cours de ma conférence sur la Campanie, j’explique que depuis l’instauration du Grand Projet Pompéi, avec l’aide d’un financement de l’Union Européenne, les fouilles se sont accélérées sur le site archéologique. La mafia a été évincée. Il ne se passe guère de mois sans qu’un nouveau trésor soit dégagé des matériaux vomis par le Vésuve en octobre 79. J’ai fait état de ces découvertes dans plusieurs notes de ce blog, comme le 12 avril 2023. Quelques mois auparavant, un thermopolium, ancêtre de nos établissements de restauration rapide, richement décoré, avait été présenté aux visiteurs.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/12/29/le-beau-thermopolium-de-pompei-pompeiis-nice-thermopolium/

 

Source : Parc archéologique de Pompéi

Pompéi comptait quelque 80 thermopolia où l’on servait des repas chauds, du vin et diverses victuailles. On y mangeait probablement avec les doigts car aucun ustensile n’a été découvert à Pompéi et à Herculanum. La population possédait toutefois de la vaisselle, comme des bols ornementés en terre cuite.

Source : Parc archéologique de Pompéi

S’agissant de la nourriture consommée par les Romains au premier siècle de notre ère, j’évoquais la possible présence de la pizza à Pompéi dans une note parue le 29 juin 2023.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/06/29/mangeait-on-la-pizza-a-pompei-did-people-eat-pizza-in-pompeii/

Une fresque représentant une nature morte, avec un plat ressemblant à une pizza, venait d’être découverte dans la zone Regio IX du Parc archéologique. « Ressemblant » est le mot important car le plat semble manquer de deux ingrédients essentiels de la pizza – la tomate et la mozzarella – et il inclut un élément qui ressemble étrangement à un ananas.

 

Source : Parc archéologique de Pompéi

Dans un article publié dans le numéro de février 2024 du National Geographic France, on peut lire un article très intéressant qui apporte un éclairage nouveau sur la nourriture consommée par les Romains.

L’article confirme que le plat figurant sur la fresque n’est pas une pizza car il manque l’ingrédient de base, la tomate, qui n’est apparue en Europe qu’au 16ème siècle. De plus, la pizza telle que nous la connaissons n’est pas arrivée à Naples avant la 18ème siècle.

Les aliments consommés par les Romains contenaient des condiments à la saveur de l’umami. Ce mot japonais fait référence à la cinquième saveur de base retrouvée à Pompéi dans un condiment confectionné à partir de poisson fermenté, le garum dont le goût est assez proche de la sauce de poisson vietnamienne. Son arôme était tellement fort qu’il est encore perceptible aujourd’hui dans des jarres prélevées dans un thermopolium.

 

Source : Parc archéologique de Pompéi

Les gens mangeaient aussi des loirs gris farcis et un lointain ancêtre des lasagnes. Ce dernier mets a été révélé par une recette écrite sur du papyrus et traduite par des moines au Moyen-Âge. Le loir gris farci, quant à lui, était consommé après engraissement des animaux dans des récipients garnis de noix. Ils étaient consommés farcis avec du porc, du poivre, des pignons de pin et le garum mentionné ci-dessus.

Les Pompéiens mangeaient aussi beaucoup de fruits (figues, prunes, raisins, dattes d’Afrique du Nord) dont ils se servaient aussi pour réaliser des desserts comme le savillum, proche du flan de pêches au miel et de jambon.

On buvait du vin dans les thermopolia. Les Pompéiens aimaient l’aromatiser et en changer la couleur en y introduisant des fèves dont certaines ont été retrouvées au fond d’amphores.

De manière globale, la nourriture était importante pour les Romains. Si les femmes se contentaient d’un dîner modeste, celui des hommes s’éternisait, souvent jusqu’à l’aube du lendemain. Une historienne explique qu’ « on mangeait encore et encore, une dizaine de plats, jusqu’à s’en rendre malade. On se faisait ensuite vomir, et on recommençait à manger. » Les orgies romaines décrites dans les albums d’ Astérix le Gaulois  ne sont pas une légende…

 

Scène d’orgie dans Astérix chez les Helvètes (1970), inspirée d’une scène du Satyricon de Fellini.