Ça chauffe sur l’Etna (Sicile) !

Un article paru dans le journal La Sicilia met le projecteur sur les dysfonctionnements qui accompagnent la gestion du Parc de l’Etna. L’UNESCO menace même de retirer le volcan de sa liste du patrimoine mondial. C’est pourquoi le journal a choisi un titre percutant : « Etna, « Parc bloqué » : l’UNESCO risque d’abandonner le volcan. »

Photo: C. Grandpey

L’article débute par un événement que j’ai mentionné sur ce blog le 4 octobre dernier : l’accès payant (5 euros) aux cratères Silvestri, une décision prise unilatéralement par le groupe Russo Morosoli qui gère également la Funivia dell’Etna après avoir racheté cette partie du volcan en 1997. Pour justifier sa décision, Russo Morosoli a indiqué qu’en avril 2025 il avait lancé une opération pour garantir la sécurité des touristes et informé tous les opérateurs qui les accompagnaient de la mise en place prochaine d’un accès réglementé.

Cet événement n’est qu’un exemple de l’anarchie qui règne autour de l’Etna. Beaucoup disent que Russo Morosoli « n’a pas entièrement tort.» Toutefois, la décision – sans aucune demande de permis ni notification préalables – d’imposer un droit d’entrée aux cratères Silvestri est très controversée. Néanmoins, quand Morosoli s’en prend au Parc de l’Etna, il reçoit une approbation quasi unanime, ainsi que la compréhension de ceux qui travaillent au sein du Parc. Selon eux et le journal La Sicilia, l’entité souffre d’« une lenteur pachydermique qui risque même de lui faire perdre son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. »

Crédit photo: Parco dell’Etna

Il y a de nombreux dysfonctionnements au sein de l’Autorité du Parc, ainsi que des retards dans la mise en œuvre des procédures. » Actuellement, la direction du Parc est dans le flou. Le maire de Gravina di Catania devrait prendre ses fonctions prochainement, un poste pour lequel il a été nommé il y a quelques semaines. L’un des premiers problèmes à régler sera celui des employés du Parc. Le plan de recrutement prévoit 60 personnes, mais seul un tiers est en fonction. Par ailleurs, l’article de La Sicilia indique qu’il existe « des problèmes relationnels concrets et tangibles entre collègues, des conflits parfois violents, un manque de communication et même la plus élémentaire volonté de collaborer. Dans ce climat de ‘guerre des roses’, certains travaillent bien, mais ils sont contraints d’en faire plus que nécessaire pour compenser ceux qui ne font pas ce qu’ils devraient faire. »

Au vu de ces problèmes, il ressort qu’il faudrait un Parc « plus autoritaire », doté d’une « stratégie d’utilisation, notamment pour les zones sommitales, qui lui fait actuellement défaut. » En bref, le Parc de l’Etna est « un gratte-papier incapable même d’entretenir des relations avec l’UNESCO, ce qui compromet de fait sa reconnaissance. La perdre serait une honte, mais le problème, malgré mille rappels, semble avoir été sous-estimé. » La lettre de l’UNESCO, et certains des documents de gestion qui l’ont précédée, proposent des mesures correctives que la Parc aurait tout intérêt à prendre en compte..

Les guides font partie de ceux qui critiquent la gestion du Parc. « L’Etna est maltraité », a déclaré la présidente de l’Association des guides touristiques de Catane. « Au nord de l’Etna, il n’y a rien, et au sud, la désorganisation règne en maître. Les guides de randonnée écologistes sont encore plus conbatifs. Tous travaillent ensemble pour déterminer les mesures à prendre afin d’empêcher qu’une partie de l’Etna soit accessible au public en payant, comme cela est en passe d’être le cas avec les cratères Silvestri.

Source : La Sicilia.

NDLR : On peut raisonnablement penser que l’UNESCO ne va pas brutalement retirer l’Etna de sa liste du patrimoine mondial. L’organisation a surtout voulu adresser une mise en garde aux gestionnaires du Parc de l’Etna et attirer l’attention sur le grand nombre de dysfonctionnements. L’Union Européenne a utilisé une procédure identique à Pompéi il y a quelques années quand les fonds européens destinés aux fouilles et à la mise en valeur du site étaient détournés par la mafia napolitaine. Aujourd’hui, la situation s’est bien améliorée en Campanie ; on peut espérer qu’il en sera de même pour le volcan sicilien.

L’IAVCEI et le rôle des scientifiques en contexte éruptif // IAVCEI and the scientists’part in eruptive situations

drapeau-francaisL’Association Internationale de Volcanologie et de Chimie de l’Intérieur de la Terre (IAVCEI) a récemment publié un document intitulé Vers des lignes directrices de l’IAVCEI sur les rôles et les responsabilités des scientifiques impliqués dans l’évaluation  et la gestion des risques volcaniques, ainsi que la réponse aux crises. Il peut être lu à cette adresse, en utilisant le bouton «Télécharger PDF» sur la page:
http://iavcei.us7.list-manage.com/track/click?u=1285967088bec9dad5716099a&id=bb0d9fc90d&e=077f3f6a29

Voici la traduction du préambule de ce document :

L’Association Internationale de Volcanologie et de Chimie de l’Intérieur de la Terre (IAVCEI), en tant qu’association internationale représentative des scientifiques travaillant sur l’évaluation et la gestion des risques volcaniques, favorise une discussion ouverte au sein de la communauté scientifique à propos de nombreux sujets tels que :
* La meilleure façon de comprendre et de prévoir l’activité volcanique, les risques associés, et de contribuer à l’évaluation des risques;
* Les rôles et responsabilités dévolus aux scientifiques avant, pendant et après les crises;
* La nature des relations des scientifiques avec les autorités gouvernementales, les populations à risque, et les médias;
* La manière et l’ampleur de l’implication des scientifiques dans les processus qui conduisent les autorités à prendre des décisions, le degré de responsabilité ou de vulnérabilité des scientifiques dans les conséquences de ces décisions, et la façon dont l’apport des scientifiques peut être perçu et jugé par autrui;
* Le rôle de la culture nationale et locale et la perception du risque à la fois dans la politique de communication et de gestion des risques;
* L’efficacité des descriptions de phénomènes volcaniques prévus, les risques associés, et leurs incertitudes connexes;
* La meilleure façon d’augmenter la sensibilisation, la préparation et l’autonomisation des individus et de la société dans son ensemble, afin de réduire l’impact des phénomènes volcaniques sur la société.

En particulier, IAVCEI, en tant qu’organisme moderne, veut offrir à travers ses médias (son site Web, ses archives, ses documents, ses notes de recommandation) du matériel d’information susceptible d’aider ses membres et d’autres personnes à remplir ces rôles et assumer ces responsabilités. En particulier, les scientifiques ont un rôle à jouer dans la protection des populations et des sociétés contre les dommages causés par des phénomènes volcaniques, dans le cadre de la prise de conscience des besoins et des divers contextes culturels. En outre, l’IAVCEI veut développer des structures au sein desquelles les relations et la communication avec les communautés locales, les médias et les autorités peuvent être encouragées et améliorées.

———————————–

drapeau-anglaisThe International Association of Volcanology and Chemistry of the Eart’s Interior (IAVCEI) has recently released a document entitled Toward IAVCEI guidelines on the roles and responsibilities of scientists involved in volcanic hazard evaluation, risk mitigation, and crisis response that can be read at this address, using the “Download PDF” button on the page:

http://iavcei.us7.list-manage.com/track/click?u=1285967088bec9dad5716099a&id=bb0d9fc90d&e=077f3f6a29

Here is the foreword:

The International Association for Volcanology and Chemistry of the Earth’s Interior (IAVCEI), as the representative international association of scientists working on volcanic hazard evaluations and risk mitigation, promotes sustained open discussion within the scientific community of many relevant issues, including the following:

* how to best understand and forecast volcanic activity, the associated hazards, and contribute to risk evaluations;

* the appropriate roles and responsibilities of scientists prior to, during, and after crises;

* the nature of scientists’ relationships with government authorities, populations at risk, and the media;

* the manner and extent of involvement of scientists in processes that eventually lead authorities to make decisions, the extent of the liability or vulnerability of scientists to

the outcomes of these decisions, and the way that scientists’ input may be perceived and judged by others;

* the role of national and local culture and perception of risk in both mitigation policy and communication of hazard and risk;

* the effectiveness of descriptions of forecasted volcanic phenomena and associated hazards, and of their related uncertainties;

* how to best increase the awareness, preparedness and empowerment of individuals, and society as a whole, in order to reduce the impact of volcanic phenomena on society.

In particular, IAVCEI, as a modern learned society wants to offer through its media (e.g., its website, archives, documents, recommendation notes) informative material, which can help members and others to fulfill these roles and responsibilities. In particular, scientists have a role in protecting populations and societies from harm due to volcanic phenomena, within the context of, and being cognizant of, diverse cultural needs and settings. Furthermore, IAVCEI wants to develop frameworks within which relationships and communication with local communities, media, and authorities can be fostered and improved.