Nouvelle alerte glaciaire en Antarctique // New glacial alert in Antarctica

Sur la Péninsule Antarctique, le glacier Hektoria a reculé de près de 50 % en seulement deux mois C’est le recul le plus rapide jamais enregistré dans l’histoire moderne, selon une nouvelle étude publiée en novembre 2025 dans la revue Nature Geoscience. Une telle fonte pourrait avoir des conséquences majeures sur l’élévation du niveau de la mer.

Crédit photo : Naomi Ochwat

Les glaciers ancrés sur le plancher océanique, comme le Hektoria, ne reculent généralement que de quelques centaines de mètres par an. Or, entre novembre et décembre 2022, ce dernier a reculé de 8 kilomètres.

Recul du glacier Hektoria (Source : Adrian Luckman)

Il est crucial de comprendre les causes de ce phénomène. Les auteurs de l’étude avertissent que si des glaciers plus imposants que l’Hektoria reculent à un rythme similaire, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l’élévation du niveau de la mer. On sait que l’Antarctique contient suffisamment de glace pour faire monter le niveau de la mer d’une soixantaine de mètres.
Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs ayant conduit au recul rapide de l’Hektoria. En 2011, la banquise a rempli la baie où il se trouve, ce qui a stabilisé les glaciers environnants. Ils ont pu avancer dans la baie et de former de solides plates-formes glaciaires. En 2022, ces plates-formes se sont désintégrées dans la baie, ce qui a déstabilisé les glaciers, et provoqué leur recul.
L’Hektoria s’est désintégré beaucoup plus rapidement que ses voisins en raison de la nature du substrat sur lequel il repose. L’Hektoria repose sur une plaine où la glace glisse sur les sédiments du plancher océanique. De telles plaines peuvent entraîner un recul rapide des glaciers car, à mesure qu’il s’amincissent, la glace commence à remonter vers la surface et l’eau s’infiltre dans les crevasses, exerçant une pression qui provoque le vêlage du glacier, avec le détachement de larges plaques. Lorsqu’un iceberg se détache, il expose le glacier situé derrière lui à de nouvelles pressions, et un nouveau vêlage se produit.

Ce type de fonte sur un relief littoral plat s’est déjà produit. Des modèles montrent qu’entre 15 000 et 19 000 ans avant notre ère, lors d’une période de réchauffement qui a mis fin à la dernière glaciation, les glaciers reposant sur les plaines littorales ont reculé de plusieurs centaines de mètres par jour. Cependant, jusqu’à présent, personne n’avait observé ce processus en direct, et encore moins à ce rythme.
Les auteurs de l’étude expliquent que le recul de l’Hektoria a été fortement influencé par le réchauffement climatique. La fonte de la banquise autour de l’Hektoria, probablement due au réchauffement des océans, a permis aux vagues de la fragmenter, exposant ainsi le glacier aux forces océaniques. Avec l’accélération du réchauffement climatique, nous devrions observer une réduction accrue de la banquise dans cette région. D’autres glaciers pourraient alors perdre les plateformes de glace qui les retiennent.
L’Hektoria est un glacier relativement petit à l’échelle de l’Antarctique, et sa disparition partielle n’aura qu’un impact limité sur le niveau de la mer. Cependant, des glaciers antarctiques bien plus imposants, comme le Thwaites ou le Pine Island, pourraient subir le même processus car l’évolution des calottes glaciaires terrestres est intimement liée au réchauffement climatique.

La prochaine étape consiste à mieux identifier les zones de l’Antarctique vulnérables à ce phénomène. Ces recherches font craindre que la fonte des glaces en Antarctique, qui contribue à l’élévation du niveau de la mer, « s’accélère plus rapidement que prévu. Cela confirme que l’humanité a encore beaucoup à apprendre sur ce vaste continent isolé.»
Source : CNN, BBC.

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On the Antarctic Peninsula, the Hektoria Glacier has shrunk by nearly 50% in just two months, the fastest retreat recorded in modern history, according to a new study published in Novemver 2025 in the journal Nature Geoscience.. Such melting could have big implications for global sea level rise.

Grounded glaciers like Hektoria, which rest on the seabed and don’t float, generally retreat no more than a few hundred meters a year. But between November and December 2022, Hektoria retreated by 8 kilometers.

Understanding more about why this happened is vital. The authors of the study warn that if larger glaciers retreat at similar rates, it could have “catastrophic implications for sea level rise.” Antarctica holds enough ice to raise global sea level by around 60 meters.

The researchers have identified several steps that led to Hektoria’s rapid retreat. In 2011, the bay filled with fast ice, stabilizing the glaciers around it, allowing them to advance into the bay and form thick, floating ice tongues. In 2022, this fast ice broke out of the bay, destabilizing the glaciers, causing them to lose their ice tongues and retreat.

The reason Hektoria fell apart much faster than its neighboring glaciers is due to what lies beneath it. Hektoria rests on an ice plain, where sliding ice glides over flat sediment on the seabed. Ice plains can prompt fast retreat because as the glacier thins, the ice starts to rise up and water pushes underneath into its crevasses, exerting pressure and causing large slabs to break off. As one iceberg calves, it exposes the glacier behind it to the same pressures and calving happens again.

This kind of ice plain melting has happened before. Models show that between about 15,000 and 19,000 years ago, during a period of warming that ended the last Ice Age, glaciers with ice plains retreated hundreds of meters a day. However, until now, nobody had seen the process play out live before, and not at this rate.

The study authors explain that Hektoria’s retreat was heavily influenced by global warming. The loss of sea ice in the ocean next to Hektoria, believed to have been driven by ocean warmth, allowed wave swells to reach the fast ice and break it up, leaving the glacier exposed to ocean forces. As climate change accelerates, we are likely to see more reductions of sea ice in this region. This could result in other glaciers losing the ice shelves that currently buttresses them.

Hektoria is a relatively small glacier by Antarctic standards, and its partial demise won’t cost the planet much in terms of sea level rise. However, much larger Antarctic glaciers like Thwaites or Pine Island could conceivably go through the same process, as this whole evolution of the ice sheets on Earth evolves with global warming. The next stage is to better establish which areas in Antarctica are vulnerable to the same process. The research raises fears that ice loss from Antarctica, which contributes to sea-level rise, “could occur more rapidly than projected. It’s another sign humanity still has a lot to learn about this vast, isolated continent.”

Source : CNN, The BBC.

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