Réchauffement climatique : accumulation de canicules depuis 1975

Météo France a publié une illustration où figurent les principaux épisodes de chaleur depuis 1947. La taille des cercles correspond à la durée de la vague de chaleur.

 

On remarque tout de suite que, mis à part la canicule de 13 jours de l’été 1947 avec une température moyenne maximale de 27,75°C, toutes les vagues de chaleur des plus intenses se situent à partir de 1975. C’est effectivement le moment où a officiellement commencé l’accélération du réchauffement climatique. Les photos des glaciers alpins sont là pour le prouver.

Glacier des Bossons en 1956 et 2020 (Photos G & C. Grandpey)

À titre anecdotique, Météo France indique que la dernière vague de chaleur de onze jours se classe parmi les dix les plus intenses que les Français aient connues depuis 1947. Elle reste cependant en-deça de celle qui a duré seize jours et fait près de 15 000 morts en 2003. D’après les premières estimations, la température moyenne maximale de la récente canicule tourne « autour de 27,5°C », contre 29,35°C en 2003. Elle s’avère aussi moins sévère que la première vague de chaleur de l’été 2025, entre le19 juin et le 4 juillet (28,2°C).

Source : Météo France.

Ces comparaisons, aussi intéressantes soient-elles, ont peu d’intérêt car c’est la tendance globale qu’il faut prendre en compte, en sachant que l’été 2025 se termine dans un mois. Selon les météorologues européens, le déplacement de l’ouragan Erin dans l’Atlantique Nord pourrait paradoxalement prolonger la chaleur et la sécheresse en France.

Source : Météo France

Par la suite, il faudra surveiller attentivement l’évolution des températures et des précipitations pendant le prochain hiver. L’hiver pluvieux de 2024-2025 a permis d’atténuer l’impact de la sécheresse cet été. La fonte des glaciers a été accélérée par la canicule du mois de juin cet n’a fait que s’amplifier les mois suivants. Si l’hiver 2025-2026 est sec, la potion sera dure à avaler par de nombreux secteurs économiques au cours du prochain été !

Et si on parlait des normales saisonnières?

La France vient de traverser une période estivale particulièrement chaude, avec la « vigilance » rouge décrétée pour plusieurs régions de la moitié sud. Les températures se sont envolées, dépassant souvent les 40°C. Dans ce contexte, il est étonnant de constater que les émissaires de Météo-France sur France Info rechignent à indiquer la différence de température par rapport aux normes de saison, alors que ces personnes précisent volontiers le nombre de degrés en dessous de ces normes lorsque le temps se rafraîchit. C’est ce qui s’est passé avant-hier avec la baisse des températures, une fois les différentes vigilances ‘canicule’ levées. Comme par hasard, on a appris que plusieurs températures étaient en dessous des normales saisonnières. De la même façon, l’agence – ou les médias? – n’a pas beaucoup insisté sur l’altitude (5100 mètres) atteinte au-dessus du Mont Blanc par l’isotherme 0°C, avec des conséquences désastreuses pour les glaciers et le permafrost de roche. Pourquoi ce silence.? Pour ne pas affoler la population? Ce sera bien pire quand la vérité éclatera au grand jour.

Avec l’accélération actuelle du réchauffement climatique et la présence du « beau soleil » – comme s’il existait un soleil laid – les températures ne cessent de battre des records. Afin de tenir compte de ces novelles conditions, Météo-France a actualisé à la hausse ses « normales » saisonnières le 28 juin 2022. Après cette date, l’agence a eu recours à des « normales » actualisées en prenant comme période de référence les décennies 1991-2020. La période précédente était 1981-2010.

Tous les dix ans, Météo-France met à jour la période de référence pour ses « normales climatiques » (aussi appelées « saisonnières ») pour s’aligner sur les recommandations de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le changement de référence met en lumière quelques évolutions par rapport à la période 1981-2010.

Sur la période 1991-2020, la nouvelle normale de température moyenne annuelle en France est de 12,97°C, en hausse d’un peu plus de 0,4°C par rapport à 1981-2010 (12,55°C).

Les changements de normales climatiques ne remettent pas en cause les seuils de « vigilance canicule » qui, explique Météo-France, « sont calculés par rapport à des indices bio-météorologiques », en collaboration avec Santé publique France et d’autres agences.

Selon Météo-France, les nouvelles « normales » sont loin de décrire notre climat normal d’il y a encore quelques décennies. Le réchauffement climatique, avec la hausse des températures associée, s’est considérablement accéléré ces dernières décennies. Ainsi, 2020 a été l’année la plus chaude jamais mesurée en France, marquée par des épisodes méditerranéens historiques. En 2019, les vagues de chaleur exceptionnelles ont provoqué des températures inédites de 46 °C dans le sud de la France..Des travaux de recherche sont en cours pour proposer des estimations de normales climatiques non-stationnaires, dans le but de disposer des références non-biaisées pour le climat présent.

Depuis 1900, la température moyenne en France s’est réchauffée de 1,7 °C. Chaque décennie depuis 1970 est plus chaude que la précédente. Ces dix dernières années, durant la période 2011-2020, la hausse atteint +0,6 °C et marque la plus forte progression observée entre deux décennies en France depuis 1900.

Il est bien évident que les températures enregistrées en juin ou en août 2025 crèvent les plafonds. Avec 40°C on se trouve bien au-dessus de la moyenne saisonnière. Météo France indique que sur l’Hexagone, la température moyenne « normale » de la saison estivale est de 20,4 °C. Il s’agit de la moyenne saisonnière de référence 1991-2020 de l’indicateur de température moyenne. Il est facile de calculer la différence avec les températures enregistrées ces derniers jours !

Source: Météo France.

Une chose est certaine: il ne faudra pas s’empresser d’oublier les vagues de chaleur de l’année 2025 et se dire qu’elles étaient accidentelles ou exceptionnelles. Ce serait une grave erreur car elles vont se répéter avec l’accélération actuelle du réchauffement climatique. Elles ont montré les lacunes de la France pour affronter de telles conditions extrêmes. Par exemple, beaucoup de bâtiments ou immeubles d’habitation n’ont pas l’isolation adéquate et, comme je l’ai expliqué récemment, il n’est pas certain que les climatiseurs soient la solution la plus respectueuse de l’environnement. On se lamente devant le manque d’eau, en particulier dans les zones rurales. On suggère, on promet, mais on ne fait rien, souvent à cause des obstacles mis par les écologistes. Les réserves collinaires sont à mes yeux une bonne chose, à la condition expresse qu’elles ne prennent pas leur eau dans la nappe phréatique et se contentent de celle tombée du ciel.

Le manque d’ambition de la politique énergétique en France est dangereux car le mot ‘canicule’ va vite faire partie de notre vocabulaire de la vie quotidienne.

51,1°C : température enregistrée sur ma terrasse le 18 juillet 2022. Le 11 août 2025 arrive en 2ème position avec 51°C.