Quand les médias se déchaînent… // When the media go wild…

drapeau francaisAprès l’« état critique » du Mont Fuji, le site The Free Republic nous indique qu’« Il se pourrait que le Mont Rainier soit sur le point de connaître une éruption monstrueuse », tandis que l’on peut lire sur le site The Epoch Times qu’ « Une éruption du super volcan de Yellowstone pourrait recouvrir la moitié de l’Amérique du Nord de  six pieds (1,80 mètres) de cendre et autres débris ».

Heureusement, dans ces deux derniers cas, les auteurs utilisent le mot « could », autrement dit « pourrait », dont le sens conditionnel modère largement le reste du titre des articles.

Que ce soit pour le Mont Fuji, le Mont Rainier ou Yellowstone, aucun scientifique n’est en mesure de dire aujourd’hui quel sera le comportement de ces volcans, que ce soit dans un proche avenir ou dans un avenir plus lointain. La seule chose dont nous sommes certains, c’est que ces trois volcans sont susceptibles d’entrer en éruption. Leur histoire éruptive est là pour démontrer qu’ils ne dorment que d’un œil.

Je ne tiens pas les scientifiques pour responsables des propos exagérés tenus par les journalistes dont on connaît le côté nécrophage. Ils se régalent d’ailleurs en ce moment avec le nombre impressionnants de morts dans l’actualité, que ce soit à la suite de catastrophes aériennes ou de faits de guerre dans la bande de Gaza.

Faire du sensationnalisme a toujours été l’un des buts recherchés par la presse. Cela aide à vendre journaux et magazines. C’est pourquoi je recommande aux scientifiques d’être très vigilants quand ils livrent des informations aux médias. Ils doivent veiller à ce que ces informations ne soient pas déformées ou exagérées. Personnellement, au retour de mes campagnes d’observations ou lors de la publication de  mes ouvrages, j’ai toujours demandé aux journalistes de me communiquer la teneur de leurs articles avant leur diffusion.

————————————————-

drapeau anglaisAfter the « critical state » of Mount Fuji, we can read on the Free Republic website that “Mount Rainier could be on the Brink of a monstrous eruption” while The Epoch Times affirms that “A Yellowstone supervolcano eruption could cover half of North America in six feet of ash and debris”.

Fortunately, in the last two cases, the authors use the word « could » whose conditional meaning largely moderates the rest of the titles.
Whether it be for Mount Fuji, Mount Rainier or Yellowstone, no scientist is able today to say what the behaviour of these volcanoes will be, whether in the near future or in the more distant future. The only thing we know for certain is that these three volcanoes are likely to erupt. Their eruptive history proves that they are just slumbering.
I do not hold scientists responsible for the exaggerated articles written by journalists whose love for death is well known. By the way, they are currently feasting with the impressive number of deaths in the news, whether in plane crashes or acts of war in the Gaza Strip.
Sensationalism has always been one of the goals sought by the press. This helps to sell newspapers and magazines. This is why I recommend scientists to be very careful when they provide information to the media. They must ensure that such information is not distorted or exaggerated. Personally, when coming back from observation campaignes or when my books were published, I always asked reporters to give me the contents of their articles prior to release.

Mont-Fuji-blog

 Rainier-sommet

Norris-Geyser-Basin

Le Fuji, le Rainier et Yellowstone: des proies faciles pour la presse à sensation !

La surveillance du Mont Rainier (Etats de Washington / Etats Unis)

C’est bien connu : Le Mont Rainier (4392 m) se dresse à proximité de Seattle et des industries comme Boeing et Microsoft. Si une éruption se produit, la région autour du volcan sera très vite menacée par des lahars car la chaleur du volcan fera fondre les glaciers. Dans une note précédente, je signalais que des sirènes avaient été installées dans la vallée de la Puyallup qui est l’une des plus exposées aux coulées de boue.

Afin d’anticiper une colère du Mont Rainier, les scientifiques de l’USGS ont installé il y a cinq ans toute une batterie d’instruments de mesure sur les flancs de la montagne. Ils donnent en continu des informations sur le comportement du volcan. Les tiltmètres décèleront le moindre gonflement ; le réseau GPS permettra de détecter le moindre déplacement.

Afin d’assurer leur bon fonctionnement des équipes grimpent périodiquement sur le Mont Rainier pour assurer la maintenance. C’est ce que 14 scientifiques viennent de faire ce mois-ci sur 6 sites différents Ils ont été acheminés par hélicoptère pour remplacer éventuellement des batteries et autres antennes.

Pour le moment, les instruments montrent qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. La dernière éruption du Mont Rainier a eu lieu en novembre-décembre 1894, quelques secondes à l’échelle géologique. Il est donc indispensable de se tenir prêt en cas de récidive.

Les premiers équipements ont été installés sur le Mont Rainier en 1969. Aujourd’hui, il y a des centaines de capteurs contrôlables à distance déployés sur tous les volcans de la Chaîne des Cascades. Quels progrès !

Source : The Seattle Times.

Rainier-blog-2.gif

Le Mont Rainier et ses glaciers

Rainier-blog-1.gif

Au Visitor Center, une maquette et une vidéo montrent les dangers du Mont Rainier

(Photos: C. Grandpey)