Tristan da Cuhna, au bout du bout du monde…

Alors que je lisais la presse espagnole pour glaner des informations sur la situation à La Palma, j’ai trouvé un article à propos de Tristan da Cunha, bien connue des volcanologues et volcanophiles. Je me suis attardé sur cet archipel qui est souvent considérée comme l’une des émergences de la dorsale médio-atlantique.

La superficie de Tristan da Cunha est de 96 km2. Le point culminant de l’archipel est le Queen Mary’s Peak qui culmine à 2 062 m, mais dont la hauteur est de 5 800 m depuis le plancher océanique. Le cratère principal est large de 300 mètres et contient un petit lac. Le Queen Mary’s Peak est un stratovolcan dont les éruptions ont eu pour siège ce cratère et de nombreux cônes adventifs sur les flancs du volcan.

L’activité volcanique est due à un point chaud qui daterait de 120-140 millions d’années alors que l’Afrique et l’Amérique du Sud étaient encore liées dans le cadre du supercontinent Gondwana. Le point chaud Tristan a formé l’archipel, la dorsale Walvis et la dorsale Rio Grande. Ses premières manifestations, vieilles de 135 millions d’années environ, ont été à l’origine des immenses trapps du Paraña. Le plancher océanique est divisé par la dorsale médio-atlantique. En fait, Tristan da Cunha n’est pas sur la dorsale, mais sur le point chaud à quelque 400 km à l’est.

Tristan da Cunha est l’île principale de l’archipel du même nom, au nord des Quarantièmes Rugissants bien connus des navigateurs. Son nom est celui de l’explorateur portugais Tristao da Cunha qui sillonnait les mers au 16ème siècle. L’île est loin de tout. Elle se trouve à 2 790 kilomètres à l’ouest de la ville du Cap en Afrique du Sud et à 3 222 kilomètres à l’est-sud-est de l’État brésilien de Rio de Janeiro. La terre la plus proche est l’île de Sainte-Hélène, à 2 420 km au nord-nord-est, de triste réputation pour nous autres Français car c’est là que Napoléon Bonaparte fut emprisonné par les Anglais.

Les Britanniques ont mis le grappin sur Tristan da Cunha au 19ème siècle et l’île est aujourd’hui un territoire britannique d’outre-mer – Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha – composé de huit îles dont Sainte-Hélène est la principale. .

Tristan da Cunha est souvent considérée comme la terre la plus isolée au monde. Son accès est particulièrement difficile en raison des conditions climatiques, de son éloignement et de la rareté des bateaux. Il faut prendre l’avion jusqu’au Cap et un bateau qui rejoint l’île en six jours. Le problème, c’est qu’il n’est en service qu’une fois par an.

En 1961-1962, l’éruption du Queen Mary’s Peak a provoqué l’évacuation des habitants vers le Royaume-Uni dont dépend l’île administrativement. Le volcan entra en éruption en 1961. Dans les mois qui précédèrent, les habitants avaient fait état de séismes qui avaient provoqué des éboulements le long des falaises. Vers octobre 1961, l’évacuation des habitants fut entreprise, dans un premier temps vers lîle de Nightingale, puis vers la ville du Cap en Afrique du Sud. Finalement, les Tristanais furent transportés en Grande-Bretagne et logés dans une ancienne base militaire.

En 1962, la Royal Society organisa une expédition pour connaître l’ampleur des dégâts causés par l’éruption. Les chercheurs découvrirent que le bourg d’Edimburgo de los Siete Mares, de justesse épargné par la lave, était presque intact, mais les autorités britanniques refusèrent de rapatrier les insulaires et prétendirent qu’ils étaient mieux en Angleterre. Les Tristanais entreprirent alors d’organiser leur propre rapatriement. Ils regagnèrent finalement leur terre en 1963, sauf cinq, et cinq autres décédés lors de leur séjour en Angleterre, mais la population s’était accrue de huit nouveau-nés entre-temps.

Hervé Bazin, dans Les Bienheureux de la Désolation (1970), fait un récit saisissant de cette évacuation, du malaise des insulaires face à la société de consommation anglaise, et de leur retour sur leur île.

Aujourd’hui Tristan da Cunha compte 133 femmes et 112 hommes, soit 245 habitants. Il y a une cafétéria, une salle pour les grands événements, un bureau de poste et un pub. Six noms de famille dominent l’île : Lavarello, Repetto, Rogers, Swain, Green ou Glass, et il n’y a que deux habitants qui ne sont pas nés sur l’île; ils se sont mariés avec des locaux et ont décidé de rester à Tristan da Cunha.
Un professeur et un médecin viennent sur l’île avec des contrats temporaires depuis le Royaume-Uni.. La connexion Internet est « mauvaise » ou « très mauvaise » selon les habitants, mais les appels, lorsque le téléphone fonctionne, sont gratuits. Le passe-temps favori des insulaires est de faire un barbecue ou un braai, activité traditionnelle sud-africaine. Autrefois, il était de tradition de jouer des instruments de musique et de chanter quotidiennement, mais la technologie moderne est passée par là et, de nos jours, la plupart des gens préfèrent passer leur temps libre devant les écrans.
Bien que Tristan da Cunha n’ait pas souffert de la COVID-19, la pandémie a tout de même affecté l’île. Les navires qui apportaient les ressources et la nourriture sont restés au Cap. La fragile chaîne d’approvisionnement a été gravement touchée. Il a fallu faire face à une pénurie de fruits et légumes et la population est inquiète devant l’évolution de la situation actuelle avec le variant sud-africain.

Carte de l’archipel Tristan da Cunha

Tristan da Cunha vue depuis l’espace (Source: NASA)

Tristan da Cunha (Territoire britannique d’outre-mer / British overseas territory)

drapeau francaisVous n’avez probablement jamais entendu parler d’Adam Swain. Cet homme et quelque 300 de ses compatriotes ont été contraints de fuir Tristan da Cunha après l’éruption du 8 octobre 1961. M. Swain est décédé la semaine dernière. Ses funérailles ont eu lieu en l’église de Fawley, en Angleterre. Au même moment, des compatriotes s’étaient rassemblés sur Tristan da Cunha pour lui dire adieu et lui témoigner leur reconnaissance.
Adam Swain a aidé les 263 insulaires et 26 expatriés à quitter Tristan da Cunha pour l’île Nightingale, à 40 km, après l’éruption du volcan Queen Mary’s Peak le 8 octobre 1961. Parmi les personnes présentes aux obsèques figurait Chris Bates, qui pendant neuf ans, a été le premier représentant officiel de Tristan da Cunha au Royaume-Uni. M. Bates a expliqué qu’Adam Swain et son compatriote îlien Joseph Glass faisaient partie d’une expédition de la Royal Society qui s’était rendue sur l’île en 1962 pour évaluer l’étendue des dégâts.

Tristan da Cunha n’est pas la terre volcanique la plus visitée au monde. Territoire britannique d’outre-mer, elle appartient à un archipel situé à 2 807 kilomètres à l’ouest de la ville du Cap (Afrique du Sud) et à 3 360 kilomètres à l’est de l’Amérique du Sud. La terre la plus proche est l’île de Sainte-Hélène, 2 438 km au NNE. Tristan da Cunha, avec 96 km2 de superficie, culmine à 2 062 mètres au Queen Mary’s Peak..

Le 8 octobre 1961, le volcan sort brusquement de son sommeil. C’est la première fois qu’il se manifeste depuis la colonisation du pays. Avant l’éruption, les habitants avaient fait état d’essaims sismiques qui avaient provoqué des éboulements le long des falaises.

Devant l’ampleur de l’éruption, les Britanniques décident d’évacuer la population, dans un premier temps vers l’île Nightingale, puis comme réfugiés au Cap. Finalement, les Tristanais sont envoyés en Grande-Bretagne où ils sont logés sur une ancienne base militaire, Pendell Army Camp, près de Merstham (Surrey). Ils sont ensuite regroupés à la base RAF abandonnée de Calshot, près de Southampton, nom qu’ils retiendront pour désigner leur nouveau port d’attache à leur retour chez eux. Pour la plupart, ils élisent domicile sur un chemin qui a gardé le nom de Tristan Close.

En 1962, la Royal Society organise une expédition pour connaître l’ampleur des dégâts causés par l’éruption et étudier les conséquences sur la faune et la flore locales. Les membres de cette expédition découvrent que le village Edinburgh of the Seven Seas est presque intact. La lave s’est arrêtée à 300 mètres des maisons. Toutefois, les autorités décident de ne pas rapatrier les insulaires et affirment qu’ils sont plus heureux en Angleterre. Alors les Tristanais entreprennent d’organiser leur propre rapatriement. Les autorités font tout le nécessaire pour leur venir en aide. En 1963, sous la houlette de Willie Repetto (chef du conseil de l’île) et Allan Crawford (un ancien agent de santé publique), les Tristanais regagnent leur pays sauf cinq d’entre eux, et cinq autres personnes décédées lors de leur séjour en Angleterre, mais la population s’était accrue de huit nouveau-nés entre temps.

Hervé Bazin, dans Les Bienheureux de La Désolation  a fait un récit saisissant de cette évacuation, du malaise des insulaires face à la société de consommation anglaise, et de leur retour sur leur île.

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drapeau anglaisYou’ve probably never heard of Adam Swain. This man and almost 300 of his fellow countrymen were forced to flee Tristan da Cunha after the eruption of October 8th 1961. Mr Swain died last week. His funeral was held at the church of Fawley, in England. At the same moment, mourners gathered on Tristan da Cunha to say their own goodbyes.

Mr Swain helped all 263 islanders and 26 expatriates escape to the safety of Nightingale Island 40 km away after the volcano erupted.  Mourners included Chris Bates who, for nine years, was Tristan da Cunha’s first official representative in the UK. Mr Bates said Mr Swain and fellow islander Joseph Glass were among members of a Royal Society expedition that travelled to the island in 1962 to assess the extent of the damage.

Tristan da Cunha is not the most visited volcanic territory in the world. A British overseas territory, it is part of an archipelago located 2,807 kilometers west of Cape Town (South Africa) and 3360 kilometers east of South America. The nearest land is the island of St. Helena, 2438 km NNE. Tristan da Cunha, with an area 96 km2, culminates at 2062 meters at Queen Mary’s Peak ..
On October 8, 1961, the volcano suddenly came out of its sleep. This was the first time since the colonization of the country. Before the eruption, residents had reported seismic swarms that had caused landslides along the cliffs.
Given the magnitude of the eruption, the British decided to evacuate the population, initially to the island of Nightingale and as refugees to Cape Town. Finally, they were transported to Britain where they were housed on a former military base, Pendell Army Camp, near Merstham (Surrey). They were later regrouped on the abandoned Calshot Base of the Royal Air Force, near Southampton. They chose the name to designate their new home port on their return home. Most of them took up residence on a path that is still named Tristan Close.
In 1962, the Royal Society organized an expedition to assess the extent of the damage caused by the eruption and investigate the effects on the local fauna and flora. The members of the expedition discovered Edinburgh of the Seven Seas that was almost intact. The lava had stopped 300 meters from the settlement. However, the authorities decided not to repatriate the islanders and claimed they were better in England. Then most families decided to organize their own repatriation. They returned in 1963 led by Willie Repetto (head of the island council) and Allan Crawford (the former island welfare officer). They all travelled back home, except five, and five others who had died during their stay in England but the population had increased by eight newborns between.

Tristan da Cunha

Tristan da Cunha vue depuis l’espace (Crédit photo: NASA)