Les responsables du réchauffement climatique bientôt devant les tribunaux ? // Global warming culprits soon to be brought to court?

Pour la première fois, des scientifiques ont quantifié les liens de causalité entre le réchauffement climatique et ses vagues de chaleur de plus en plus sévères, et la pollution générée par les entreprises du secteur des combustibles fossiles et du ciment.
La nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, prend en compte 213 vagues de chaleur survenues dans le monde entre 2000 et 2023. Elle explique que ces vagues de chaleur sont devenues beaucoup plus probables et intenses, en grande partie en raison de la combustion des combustibles fossiles.
Entre la première et la deuxième décennie étudiées par les chercheurs, le réchauffement climatique a multiplié par 20 la probabilité des vagues de chaleur. Parmi les épisodes de chaleur extrême étudiés par les chercheurs, le quart aurait été « pratiquement impossible » sans la pollution causée par les 14 plus grands producteurs de combustibles fossiles et de ciment. Ces géants du carbone comprennent des compagnies pétrolières comme ExxonMobil et Chevron, ainsi que des pays bien connus en matière de production d’énergies fossiles, comme l’ex-Union soviétique. L’étude révèle également que ces entreprises sont responsables de 50 % de l’augmentation de l’intensité des vagues de chaleur depuis l’époque où l’homme a commencé à rejeter dans l’atmosphère autant de carbone et de méthane, responsables du réchauffement climatique.
En d’autres termes, les scientifiques ont constaté que la pollution causée par les plus grandes compagnies et nations du secteur des énergies fossiles a aggravé ces vagues de chaleur intenses et souvent mortelles. Ces conclusions pourraient avoir des répercussions judiciaires considérables, notamment au vu du principe pollueur-payeur, une tâche qui s’est avérée extrêmement difficile aux États-Unis.
Ces dernières années, de plus en plus d’études se sont penchées sur l’impact du réchauffement climatique sur les phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que sur la contribution des géants du carbone au réchauffement climatique. La dernière étude utilise des techniques validées scientifiquement, issues de travaux antérieurs. Ainsi, ses auteurs ont révélé que, par rapport au climat d’avant la révolution industrielle, le réchauffement climatique a augmenté l’intensité médiane des vagues de chaleur de 1,68 °C entre 2010 et 2019, dont 0,47 °C imputable aux 14 principaux géants du carbone. Les 166 autres géants du carbone ont contribué à hauteur de 0,38 °C à l’augmentation de l’intensité médiane des vagues de chaleur au cours de la même période. Le rapport sous-estime probablement les vagues de chaleur en Afrique et en Amérique du Sud, car elles sont souvent passées sous silence.
En reliant des vagues de chaleur de plus en plus intenses et fréquentes à des entreprises spécifiques, cette nouvelle étude pourrait être utilisée devant les tribunaux où des particuliers, des villes ou des États cherchent à tenir les producteurs de combustibles fossiles responsables des dommages climatiques. À cette fin, les auteurs de l’étude ont inclus un expert juridique, ce qui est plutôt inhabituel pour une étude climatique.
L’étude pourrait aider à déterminer qui est le véritable responsable d’une vague de chaleur donnée. De futures études pourraient également se pencher sur d’autres types d’événements météorologiques extrêmes, tels que les inondations et les incendies de forêt et déterminer les responsabilités. .

Source : CNN via Yahoo News.

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For the first time, scientists have quantified the causal links between worsening heat waves and global warming pollution from individual fossil fuel and cement companies.

The new study, published in the journal Nature, encompasses 213 heat waves around the world from 2000 to 2023. It finds that heatwaves became much more likely and severe during that period, largely due to the burning of fossil fuels.

Between the first and second decade that the researchers investigated, global warming made the heatwaves climb from being 20 times more likely to 200 times more likely. Of the extreme heat events the researchers focused on, as many as a quarter of them would have been “virtually impossible” without the climate pollution from any of the 14 biggest “carbon majors”, i.e. the largest fossil fuel and cement producers responsible for the largest part of the world’s carbon pollution.

These so-called carbon majors include oil companies such as ExxonMobil and Chevron, as well as entire nations that have historically been significant fossil fuel producers, such as the former Soviet Union. The study also found these companies are responsible for 50% of the increase in heat wave intensity since before humans started adding so much planet-warming carbon and methane pollution to the atmosphere.

In other words, the scientists found, the pollution from the biggest fossil fuel companies and nations made these severe and oftentimes deadly heat waves worse or even possible. The conclusions may have far-reaching ramifications, including aiding those who seek in court to make oil and gas companies pay for climate change-related harm, a task that has proven extremely difficult in the US.

There have been a growing number of studies in the past several years looking at the influence of global warming on individual extreme weather events, as well as other studies that have looked at the contribution of carbon majors to global warming. The latest study uses peer reviewed techniques from previous work and connects them in novel ways.

The study found that compared to the climate prior to the industrial revolution, global warming has increased the median intensity of heatwaves by 1.68 degrees Celsius between 2010 and 2019, of which 0.47 Celsius was due to the top 14 carbon majors alone. The other 166 carbon majors contributed 0.38 degrees Celsius of the heightened median intensity of heatwaves during the same period. However, the report could be under-counting heat waves in Africa and South America, since they often go unreported.

By tying increasingly severe and common heat waves to specific companies, the new research could find its way into courtrooms where individuals, cities, states and countries are seeking to hold fossil fuel producers accountable for climate damages. To that end, the authors of the study include a legal expert, which is somewhat unusual for a climate study.

The study could help sort out the questions of who is at fault for contributing significantly to a particular heat wave. Future studies could look at other types of extreme weather events, such as floods and wildfires and determine who is responsible for them.

Source : CNN via Yahoo News.

Coups de chaleur à venir en Asie du Sud // Deadly heatwaves soon in South Asia

Une nouvelle étude montre les effets du changement Climatique en Asie du Sud, région où vit un cinquième de la population mondiale. D’ici la fin de ce siècle, le réchauffement climatique pourrait provoquer des vagues de chaleur pendant l’été, avec des niveaux de chaleur et d’humidité qui dépassent ce que les humains peuvent supporter sans protection. Ces vagues de chaleur mortelles pourraient commencer dans seulement quelques décennies et frapper des régions de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh, y compris les bassins fertiles de l’Indus et du Gange qui produisent une grande partie de la nourriture de la région.
Les résultats de cette étude, réalisée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et la Loyola Marymount University à Los Angeles, ont été publiés dans la revue Science Advances,
L’étude fait suite à un rapport antérieur qui a examiné les vagues de chaleur prévues dans la région du Golfe Persique. Alors que le nombre de jours de chaleur extrême prévus pour cette zone était encore pire que pour l’Asie du Sud, leur impact dans cette dernière région pourrait être beaucoup plus sévère. En effet, si la région du golfe Persique a une population relativement réduite et riche avec peu de terres agricoles, les zones susceptibles d’être les plus touchées dans le nord de l’Inde, le Bangladesh et le sud du Pakistan abritent 1,5 milliard de personnes. Ces zones sont également parmi les plus pauvres. Une grande partie de la population dépend de l’agriculture de subsistance qui nécessite de longues heures de travail dans les champs, sans protection contre le soleil.
La nouvelle analyse s’appuie sur des recherches récentes qui montrent que les effets les plus dangereux de la chaleur pour les humains sont dus à la combinaison de hautes températures et une humidité élevée, phénomène connu sous le nom de « température humide ». Il reflète la capacité de l’humidité à s’évaporer, mécanisme requis pour que le corps humain maintienne sa température interne par l’évaporation de la sueur. À une température humide de 35 degrés Celsius, le corps humain ne peut pas se refroidir suffisamment pour survivre plus de quelques heures.
Une étude antérieure sur les relevés de température et d’humidité montre que dans le climat actuel, les températures humides ont rarement dépassé 31°C sur Terre. Bien que ce rapport antérieur ait montré que cette limite de survie pourrait être dépassée de temps en temps dans la région du Golfe Persique d’ici la fin de ce siècle, les relevés de l’été 2015 ont montré que la limite des températures humides à 35 degrés avait déjà été atteinte, ce qui montre que ces extrêmes pourraient commencer plus tôt que prévu. L’été 2015 a également produit l’une des vagues de chaleur les plus dévastatrices de l’histoire en Asie du Sud, avec quelque 3 500 morts au Pakistan et en Inde.
La dernière étude a examiné les résultats de trois modèles  climatiques sur la vingtaine qui a été réalisée à l’échelle de la planète. Ils ont été sélectionnés car ils correspondent le mieux aux données météorologiques réelles en Asie du Sud. L’étude montre que, à la fin du siècle, s’il n’y a pas de réduction sérieuse des émissions de gaz à effet de serre, les vagues de chaleur contribueront à faire passer les températures humides de 31°C à 34,2°C, ce qui rapprochera du seuil de survie mentionné précédemment.
Dans le cadre du climat actuel, environ 2% de la population indienne est parfois exposée à des températures humides de 32 degrés. Selon cette étude, d’ici 2100, 70% de la population de trouvera dans cette situation et 2% des personnes seront parfois exposées à la limite de capacité de survie de 35 degrés. Comme la région est importante sur le plan agricole, ce n’est pas seulement la population directement touchée par la chaleur qui en souffrira. Avec la perturbation de la production agricole, celle-ci connaîtra un fort déclin tout le monde en souffrira.
Voici une vidéo qui illustre parfaitement la situation:
https://youtu.be/oSJLvs2Il5A

Source: Massachusetts Institute of Technology.

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A new study suggests that by the end of this century, in South Asia, a region where one-fifth of the world’s people live, climate change could lead to summer heat waves with levels of heat and humidity that exceed what humans can survive without protection. These deadly heat waves could begin within as little as a few decades to strike regions of India, Pakistan, and Bangladesh, including the fertile Indus and Ganges river basins that produce much of the region’s food supply.

The results of the new study, performed by researchers of the Massachusetts Institute of Technology and Loyola Marymount University in Los Angeles have just been described in the journal Science Advances,

The study follows an earlier report that looked at projected heat waves in the Persian Gulf region. While the number of extreme-heat days projected for that region was even worse than for South Asia, the impact in the latter area could be vastly more severe. This is because while the Persian Gulf area has a relatively small, relatively wealthy population and little agricultural land, the areas likely to be hardest hit in northern India, Bangladesh, and southern Pakistan are home to 1.5 billion people. These areas are also among the poorest in the region, with much of the population dependent on subsistence farming that requires long hours of hard labour out in the open and unprotected from the sun.

The new analysis is based on recent research showing that hot weather’s most deadly effects for humans comes from a combination of high temperature and high humidity, an index which is measured by a reading known as wet-bulb temperature. This reflects the ability of moisture to evaporate, which is the mechanism required for the human body to maintain its internal temperature through the evaporation of sweat. At a wet-bulb temperature of 35 degrees Celsius, the human body cannot cool itself enough to survive more than a few hours.

A previous study of temperature and humidity records show that in today’s climate, wet-bulb temperatures have rarely exceeded about 31°C anywhere on Earth. While the earlier report showed that this survivability limit would start to be exceeded occasionally in the Persian Gulf region by the end of this century, actual readings there in the summer of 2015 showed that the 35-degree wet-bulb limit had almost been reached already, suggesting that such extremes could begin happening earlier than projected. The summer of 2015 also produced one of the deadliest heat waves in history in South Asia, killing an estimated 3,500 people in Pakistan and India.

The new analysis looked at results from three of the more than 20 comprehensive global climate models, which were selected because they most accurately matched actual weather data from the South Asian region. The study shows that by century’s end, absent serious reductions in global emissions, heat waves would increase from wet-bulb temperatures of about 31°C to 34.2°C, which brings us close to the threshold of survivability.

In today’s climate, about 2 percent of the Indian population sometimes gets exposed to extremes of 32-degree wet-bulb temperatures. According to this study, by 2100 that will increase to about 70 percent of the population, and about 2 percent of the people will sometimes be exposed to the survivability limit of 35 degrees. Because the region is important agriculturally, it is not just those directly affected by the heat who will suffer. With the disruption to the agricultural production, this one will go down and potentially everyone will suffer.

Here is a video that perfectly illustrates the situation:

https://youtu.be/oSJLvs2Il5A

Source: Massachusetts Institute of Technology.

Source: MIT