COP29, un amer goût d’échec

Comme on s’y attendait, la COP29 de Bakou s’est terminée avec un goût d’échec et rien n’a été décidé pour freiner la progression du réchauffement climatique. Dans le texte final, les pays développés se sont engagés à financer davantage les pays pauvres. L’engagement est d’augmenter de 100 milliards aujourd’hui à « au moins 300 milliards de dollars » annuels d’ici 2035 leurs prêts et dons aux pays en développement. Les pays les plus pauvres de la planète et les îles du Pacifique, des Caraïbes ou d’Afrique demandaient le double ou plus.

Dans le même temps, 2024 est en passe d’être l’année la plus chaude de tous les temps. Neuf ans après l’Accord de Paris, qui vise à limiter à 1,5°C le réchauffement de la planète par rapport à l’ère pré-industrielle, l’humanité va encore brûler plus de pétrole, de gaz et de charbon que l’année passée.

Rendez-vous en novembre 2025 à Belém, au Brésil, pour la COP30.

COP29 : un échec annoncé // COP29 will be another failure

On s’en doutait avant même qu’elle commence : comme les précédentes, la COP29 de Bakou se soldera par un échec et aucune décision contraignante digne de ce nom ne sera prise pour réduire le réchauffement climatique. La situation de ces COP est si désespérée qu’un groupe d’anciens dirigeants et d’experts du climat a déclaré dans une lettre envoyée à la Conférence que ces discussions annuelles sur le climat ne sont plus adaptées à leur objectif et devaient être réformées.
Près de 200 pays sont réunis à Bakou (Azerbaïdjan) avec pour objectif principal de définir le montant des fonds à fournir aux pays en voie de développement pour qu’ils puissent s’adapter au changement climatique et se remettre des effets dévastateurs des événements extrêmes. Jusqu’à présent, ces discussions n’ont guère progressé dans ce sens.
Les délégués ont discuté pendant des heures le jour de l’ouverture de la COP pour essayer de mettre au point un ordre du jour et l’ambiance a été plombée par les doutes sur le futur rôle des États-Unis sous la présidence de Donald Trump et le retrait de la délégation argentine.
La lettre indiquait également que « la structure actuelle de la COP ne peut tout simplement pas apporter de changements à la vitesse et à l’échelle exponentielles [du réchauffement climatique], ce qui est essentiel pour assurer une situation climatique sure à l’humanité. […] Nous devons passer de la négociation à une mise en œuvre permettant à la COP d’assurer la transition énergétique urgente et l’élimination progressive des énergies fossiles. »
D’autres voix se sont fait entendre pour critiquer le processus de la COP à Bakou. Le Premier ministre albanais a parlé de dirigeants assis sur des canapés et prenant des photos pendant que les discours étaient diffusés sur des écrans de télévision. C’est dire l’intérêt porté à ce genre de manifestation dont l’empreinte carbone est loin d’être négligeable.
Source : Médias d’information internationaux.

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We knew it in advance : like its predecessors, CO29 in Bakou will end up as a failure and no significant binding decision will be taken to reduce global warming. The situation of these COPs is so desperate that a group of former leaders and climate experts said in a letter sent to the assembly the annual COP climate talks were no longer fit for purpose and needed to be reformed.

Nearly 200 countries are gathered in Baku, Azerbaijan with a primary goal of agreeing a new target for how much money needs to be provided to help developing countries adapt to climate change and recover from destructive weather. So far those talks have made little progress.

Delegates struggled for hours on the opening day to agree an agenda and the mood has been soured by doubts about the United States’ future role under a Donald Trump presidency, and the withdrawal of the Argentinian delegation.

The letter also said : « The current structure of the COP simply cannot deliver the change at exponential speed and scale, which is essential to ensure a safe climate landing for humanity. […] We need a shift from negotiation to implementation, enabling the COP to ensure the urgent energy transition and phase-out of fossil energy. »

Others have also criticised the COP process in Baku. The Albanian Prime Minister spoke of leaders sitting on sofas and taking photographs while speeches at the summit played out on muted television screens. This shows the interest in this type of event whose carbon footprint is far from negligible.

Source : International news media.

Émissions et concentrations de CO2 toujours en hausse

C’est ce qui s’appelle enfoncer une porte ouverte car on le savait depuis longtemps. En pleine COP 29, une étude publiée le 13 novembre 2024 est censée nous apprendre que nous émettons toujours plus de carbone. Selon les projections du Global Carbon Project, quelque 37,4 milliards de tonnes de CO2 seront émises en 2024 par l’humanité. Les émissions atteignent un nouveau sommet, avec une hausse de 0,8% par rapport à 2023 et rien n’indique que la tendance va s’inverser. Comme je l’ai écrit précédemment, l’Accord de Paris qui prévoyait de limiter durablement à 1,5 degré le réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle est une douce illusion. Il ne faut pas se voiler la face ; le but ne sera jamais atteint. Les émissions liées au pétrole, gaz et charbon augmentent, portées par la Chine, l’Inde et la grande majorité des pays du monde.

Il ne faut donc pas s’étonner si les concentrations de CO2 dans l’atmosphère suivent la même tendance à la hausse. Elles ne diminueront pas tant que les émissions ne chuteront pas. De toute façon, à supposer que nous cessions subitement, par un coup de baguette magique, d’émettre des gaz à effet de serre, il faudra plusieurs décennies avant que l’atmosphère retrouve un semblant d’équilibre. La fée n’existant pas, le renouveau climatique n’est pas pour demain !

 Les concentrations de CO2 enregistrées sur le Mauna Loa (Hawaï) ne cessent d’augmenter comme on peut le voir sur deux années de la Courbe de Keeling. Elles atteignent en ce moment 422,80 ppm. (Source : Scripps Institution)

Comme à son habitude la presse apporte une touche positive à ces mauvaises nouvelles. Il ne faudrait pas que la société sombre dans la déprime! Les journalistes ont cru déceler quelques signaux positifs. Ils nous expliquent que les émissions de la Chine progressent toujours, mais très peu, et beaucoup moins qu’en 2023. Les énergies renouvelables gagnent du terrain dans ce pays, tout comme aux États-Unis. Ils ajoutent que l’Union européenne, elle, est l’une des meilleurs élèves de la planète avec une chute de 8% des émissions en 2023. C’est bien, mais de toute évidence ces progrès ne suffisent pas à compenser les émissions polluantes.

Source: Presse nationale.

En France, la déclaration faite par le Premier ministre dans le Rhône le 25 octobre 2024 (les journalistes l’ont largement négligée) n’incite guère à l’optimisme. Michel Barnier a expliqué que « la France doit anticiper une vie avec +2,7°C en 2050. […] La France hexagonale se prépare désormais, d’ici à la fin du siècle, à un réchauffement de +4°C, à côté de +3°C en moyenne à l’échelle mondiale. Le calendrier de hausse de la température prévoit +2°C en 2030, et +2,7°C en 2050. Selon cette trajectoire de réchauffement climatique, les glaciers alpins situés en France auront disparu d’ici 2100. Le risque de sécheresse sera multiplié par trois à l’horizon 2030 par rapport aux années 1960, et multiplié par 4 d’ici 2100. »

COP 29 à Bakou (Azerbaïdjan) : à quoi bon ? // COP 29 in Baku (Azerbaijan) : what’s the point?

On le sait d’avance : la COP 29 qui va se tenir à Bakou (Azerbaïdjan) du 11 au 22 novembre 2024 – elle commence aujourd’hui – ne servira à rien. À la limite, on peut se demander s’il est souhaitable qu’elle ait lieu. Emmanuel Macron, Joe Biden et Xi Jinping l’ont bien compris; ils sont restés à la maison.

Comme je l’ai écrit précédemment, organiser des COP chez les producteurs de pétrole (Dubaï l’an dernier, Bakou cette année), c’est prendre les gens pour des imbéciles. Sans parler de l’empreinte carbone qui entoure l’organisation de telles manifestations. Ce tour de force avait déjà été réalisé en 2018 en installant la COP 24 à Katowice en Silésie, le principal bassin houiller de la Pologne. Il faut se souvenir qu’à l’issue de cette réunion, le Président polonais a déclaré que son pays allait augmenter sa production de charbon, l’une des principales énergies fossiles. C’est tout dire.

Aujourd’hui, l’ONU lance un nouveau message d’alerte qui, comme à l’accoutumée, ne sera pas entendu par nos gouvernants, en particulier par Donald Trump dont l’élection est une catastrophe pour le climat. Pourtant, comme l’a déclaré un climatologue, « nous sommes complètement en dehors des clous ». Sans une action climatique digne de ce nom, l’espoir de maintenir le réchauffement planétaire à moins de 1,5°C « sera bientôt mort ». En fait, cet espoir est déjà mort étant donné que ce seuil fatidique de 1,5°C a été atteint en 2024.

Selon le nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié à moins d’un mois de la COP29, les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre mises en place pour l’heure entraîneraient un réchauffement « catastrophique » de 3,1°C au cours du siècle par rapport à l’ère-préindustrielle. Et même en intégrant toutes les promesses de faire mieux, y compris celles que des pays en développement ont conditionnées à l’obtention d’aides financières ou technologiques, les températures mondiales grimperaient de 2,6°C, avec à la clé une série de « points de bascule » irréversibles : effondrement des calottes glaciaires, élévation incontrôlable des mers et amplification des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que ceux que viennent de subir la Floride et certaines régions d’Espagne, de France et d’Italie.

Selon l’ONU, pour éviter de dépasser la limite de 1,5°C fixée par l’accord de Paris, les États doivent collectivement s’engager à réduire de 42% par rapport à 2019 leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre d’ici 2030, et de 57% d’ici 2035.

Pour rappel, selon le programme européen Copernicus, la température moyenne durant l’ensemble de 2023 a été de 14,98°C sur la planète. L’année 2016, qui était le record jusqu’à présent, a donc été largement détrônée avec 0,17°C de plus.

Selon six grands jeux de données internationaux utilisés pour surveiller les températures mondiales et consolidés par l’OMM, la température moyenne annuelle de la planète en 2023 a dépassé de 1,45 ± 0,12 °C les niveaux préindustriels (1850-1900).

Au cours de la période février 2023 – janvier 2024, la température moyenne observée sur la surface de la Terre était supérieure de 1,52 °C à ces mêmes niveaux préindustriels. Au final, l’année 2024 sera la plus chaude jamais enregistrée et la première à dépasser les 1,5°C promis par l’Accord de Paris à l’issue de la COP 21 de 2015.

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We know it in advance: COP 29 that will be held in Baku (Azerbaijan) from November 11th to 22nd, 2024 will be useless. We can even wonder whether it is desirable. Emmanuel Macron, Joe Biden and Xi Jinping seem to agree with me as they have decided to stay at home. As I wrote previously, organizing COPs in oil producers (Dubai last year, Baku this year) is taking people for fools. Not to mention the carbon footprint that surrounds the organization of such events. This feat had already been achieved in 2018 by setting up COP 24 in Katowice in Silesia, Poland’s main coal basin. It should be remembered that at the end of this meeting, the Polish President declared that his country would increase its production of coal, one of the main fossil fuels. That says it all.
Today, the UN is issuing a new warning message that, as usual, will not be heard by our governments. Yet, as one climate scientist has said, « we are completely off the rails. » Without meaningful climate action, hopes of keeping global warming below 1.5°C « will soon be dead. » According to a new report from the United Nations Environment Programme (UNEP), published less than a month before COP 29, current greenhouse gas reduction policies would lead to a « catastrophic » 3.1°C of warming this century compared to the pre-industrial era. And even if we take into account all the promises to do better, including those that developing countries have made conditional on obtaining financial or technological aid, global temperatures would rise by 2.6°C, leading to a series of irreversible « tipping points »: the collapse of the ice caps, uncontrollable sea level rise and an increase in extreme weather events, such as those that have just been observed in Florida and certain regions of Spain, France and Italy.
According to the UN, to avoid exceeding the 1.5°C limit set by the Paris Agreement, States must collectively commit to reducing their annual greenhouse gas emissions by 42% compared to 2019 by 2030, and by 57% by 2035.
As a reminder, according to the European Copernicus programme, the average temperature for the whole of 2023 was 14.98°C on the planet. The year 2016, which had been the record until now, was largely dethroned with 0.17°C more.
According to six major international datasets used to monitor global temperatures and consolidated by the WMO, the average annual temperature of the planet in 2023 exceeded pre-industrial levels (1850-1900) by 1.45 ± 0.12°C.

During the period February 2023 – January 2024, the average temperature observed on the Earth’s surface was 1.52°C higher than these same pre-industrial levels.Ultimately, 2024 will be the hottest year ever recorded and the first to exceed the 1.5°C promised by the Paris Agreement following COP 21 in 2015.