La fonte alarmante des glaciers suisses (suite)

Ça se veut un scoop par France Info, mais ce n’en est pas un. La chaîne de radio annonce que les glaciers suisses ont fondu « autant ces deux dernières années qu’entre 1960 et 1990, sous l’effet de conditions météorologiques extrêmes exacerbées par le changement climatique causé par les activités humaines. » Je pense qu’il suffit de dire que c’est le seul et unique réchauffement climatique d’origine anthropique qui est la cause de la catastrophe glaciaire en Suisse et ailleurs dans le monde.

J’ai publié le 29 septembre 2022 une note intitulée « Fonte dramatique des glaciers suisses «  qui attirait l’attention sur ce phénomène ô combien inquiétant. Je ne cesse de le répéter, que ce soit dans les Alpes ou dans l’Himalaya, les glaciers sont des châteaux d’eau qui assurent l’alimentation de centaines de millions de personnes.

En septembre 2022, les glaciologues suisses faisaient état d’une perte de trois kilomètres cubes de glace, soit 6% du volume total des glaciers suisses au cours des mois précédents. Ils ajoutaient qu’une perte de 2% en un an était auparavant considérée comme “extrême”. 6% était énorme et on ne pouvait que craindre une évolution très négative de la situation glaciaire. Leurs prévisions pessimistes se confirment donc aujourd’hui.

Selon les scientifiques helvètes, les années extrêmes se succèdent et se ressemblent : après avoir perdu 6% de volume en 2022, les glaciers suisses ont encore fondu de 4% en 2023. C’est le deuxième recul le plus important depuis le début des mesures. Selon les glaciologues, « si nous continuons au rythme que nous avons connu ces dernières années – tout va encore plus vite –, chaque année sera une mauvaise année. Il est tout à fait possible de s’imaginer la Suisse sans glaciers, ce qui serait, bien sûr, une catastrophe.

Pour illustrer son article, France Info a choisi une photo du glacier du Rhône prise le 24 août 2023. Je suis abasourdi quand je vois à quelle vitesse ce glacier fond. Je l’ai vu pour la dernière fois en 2020. On pouvait alors visiter la grotte de glace qui était, il est vrai, en piteux état et fondait de partout. L’image de 2023 semble montrer que la grotte n’existe plus car le front du glacier se situe bien en amont. La toile blanche censée la protéger ne protège plus rien…

Crédit photo: AEP

J’ai visité le glacier du Rhône pour la première fois en 1981. Sa masse imposante dominait alors la route du col de la Furka. Aujourd’hui, on ne le voit plus depuis la route et il faut emprunter un sentier de plusieurs centaines de mètres pour atteindre son front.

Le glacier du Rhône en 1981 (Photo: C. Grandpey)

Le même site en 2020.

Le glacier du Rhône en 2020, avec la bâche de protection de la grotte (Photo: C. Grandpey)