L’éruption du Laki a-t-elle eu un impact sur l’hémisphère sud?

L’éruption du Laki (1783) a-t-elle eu un impact sur l’hémisphère sud?

C’est la question à laquelle ont essayé de répondre R. Trigo, J.M. Vaquero et R.B. Stothers dans un article publié dans la revue Climatic Change In Climatic Change, Vol. 99, No. 3-4. (2010), pp. 535-546.

 

Les effets catastrophiques de l’éruption du Laki sur l’Islande et l’hémisphère nord en 1783 sont bien connus. La lave émise il y a 230 ans par la très longue fracture éruptive a recouvert les pâturages d’une cendre riche en fluor et donc très nocive pour les animaux. Une importante partie du cheptel islandais est morte d’intoxication. Au niveau de la population, l’éruption a provoqué une famine sévère qui entraîna la mort de près de 10 000 personnes ainsi qu’un important exode. A l’échelle européenne, les conséquences de l’éruption sont évidentes, avec de profondes modifications climatiques et un brouillard volcanique qui affecta de nombreux pays.

L’impact météorologique de l’éruption du Laki se fit également sentir les années suivantes avec plusieurs hivers très rigoureux en Europe et d’autres dérèglements climatiques qui contribuèrent à la pauvreté et la famine, facteurs qui, selon de nombreux historiens, ont provoqué la Révolution Française de 1789.

 

Si les effets de l’éruption du Laki sur l’hémisphère nord ont largement été étudiés, on ne trouvait jusqu’à présent aucune description concernant l’hémisphère sud. C’est un vide qu’ont essayé de combler les auteurs de l’article mentionné ci-dessus. Pour ce faire, ils se sont inspirés des observations de Bento Sanches Dorta, un astronome portugais qui a fait une description précise des effets anormaux de plusieurs journée de brume et de brouillard sec entre 1784 et 1786 à Rio de Janeiro au Brésil. Si l’on observe les relevés mensuels moyens de jours de brouillard entre 1781 et 1788, on remarque un pic significatif entre septembre et novembre 1784 qui pourrait bien être lié à l’éruption du Laki.

La plupart des observations et des modélisations réalisées à ce jour vont à l’encontre d’une telle hypothèse. Pourtant, de récentes études sur l’impact des éruptions majeures survenues dans les hautes latitudes font état d’anomalies climatiques de grande ampleur dans la région tropicale de l’hémisphère sud et en particulier de l’apparition d’une couverture nuageuse supérieure à la normale au-dessus de la partie centrale du Brésil.

Laki-blog

Aperçu de la fracture éruptive du Laki  (Photo:  C. Grandpey)

 

Une réflexion au sujet de « L’éruption du Laki a-t-elle eu un impact sur l’hémisphère sud? »

  1. Bonjour Claude Grandpey,
    Merci de parler du Laki,
    En effet, 8 millions de tonnes de fluor, 25 millions de tonnes de souffres, 20 millions de tonnes de CO2 rependus dans l’atmosphère en quelques semaines, sont de nature à provoquer la catastrophe que vous décrivez localement dans l’hémisphère nord. En d’autre temps plus éloignés, et à plus grande échelle (ex : trapps du Decan), c’est en terme d’extinctions de masse qu’il aurait fallu compter. Cependant, outre la « famine de la brume » que l’Europe à subit par cet empoisonnement, et qui reste dans la mémoire collective des Hommes, j’ai moi aussi du mal à imaginer que les zones tropicales et une partie de l’hémisphère sud n’ait pas été atteintes par ce cataclysme. Par contre, il semblerait qu’à faible dose, souffre et fluor aient un effet bénéfique sur les végétations, les bactéries et l’homme, et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le retour de l’hémisphère sud reste plutôt discret.
    A moins qu’un autre phénomène volcanique se soit joint à celui là en même temps, pour en combiner les effets outre équateur. Je pense particulièrement à l’antarctique et à l’Erebus, qui soit dit en passant montre bien en ce moment aux satellites son lac de lave (réf : Culture volcan) et qui annuellement repend alentour des quantités importantes de souffre. Mais, en 1783, les témoignages font défaut. C’est peut-être aussi un des effets de l’éruption du Tombora qui 32 ans plus tard inondait de ses éjections les latitudes inférieures et probablement Brésiliennes.
    Le petit âge glacière à donc encore à nous parler.
    Bien cordialement

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