Le musée d’Orsay alerte sur le réchauffement climatique

C’est une initiative originale et intéressante, mais atteindra-t-elle son but ? C’est une autre histoire

Au printemps 2025, 100 chefs-d’œuvre du musée d’Orsay seront répartis à travers la France pour montrer les impacts du réchauffement climatique. 31 musées vont participer à cette opération dont le but est de sensibiliser à l’urgence climatique.

C’est ainsi que le tableau La Truite peint en 1873 par Gustave Courbet montrera l’impact de la hausse des températures sur ce poisson qui apprécie les eaux froides et bien oxygénées. Avec le réchauffement climatique, l’espèce est sérieusement menacée et ne va pas tarder à disparaître de nos rivières.

Source: Musée d’Orsay / Wikipedia

À Montargis (Loiret), le musée Girodet, qui a rejoint l’opération du musée d’Orsay, a été victime d’une terrible montée des eaux en 2016 et est donc concerné par les inondations, conséquence du réchauffement climatique. De plus, les collections du musée national débutent au milieu du 19ème siècle, en sachant que 1850 est une date clé pour le climat car la consommation d’énergies fossiles s’est intensifiée à cette époque.

De nombreuses œuvres du 19ème et du début du 20ème siècle – notamment celles réalisées par des peintres paysagistes comme Claude Monet, Gustave Caillebotte ou Pierre Bonnard sont de véritables archives du climat.

Au-delà du témoignage que constituent les œuvres d’art, les musées eux-mêmes font, ou ont fait, les frais du réchauffement climatique. Comme indiqué plus haut, le musée Girodet a été victime d’une terrible montée des eaux en 2016. 90 % de ses collections ont été inondées et aujourd’hui, seulement 40 % des œuvres ont pu être restaurées.

Source : Revue Beaux Arts.

À titre tout à fait personnel, je ne pense pas que cette initiative du musée d’Orsay, aussi louable soit elle, aura un impact significatif. D’une part, seule une fraction très réduite de la population française fréquente les musées. D’autre part, combien de personnes feront effectivement le lien entre des œuvres d’artistes et le réchauffement climatique ?

Aujourd’hui, le seul moyen de montrer aux gens la gravité de la situation climatique est par le biais d’images fortes, susceptibles de les choquer. Je m’en rends compte à l’occasion de mes conférences. C’est en montrant la vidéo d’un effondrement glaciaire spectaculaire en Alaska, ou les dates qui ont été apposées sur l’encaissant de la Mer de Glace à Chamonix que j’arrive, à mon petit niveau, à faire passer un message d’alerte. Au terme de ma dernière conférence à Châtellerault, un grand silence régnait dans le salle. Je savais que mes images avaient percuté mon auditoire. Un jeu de questions-réponses me permet de bien cerner le problème. Lors de chaque conférence, une ou plusieurs centaines de personnes repartent avec mon message d’alerte. C’est peu, mais c’est mieux que rien.

Photo: C. Grandpey