L’éruption du Toba: un désastre planétaire? Pas si sûr! // The Toba eruption: a planetary disaster? Not so sure!

drapeau francais   Selon une récente étude scientifique publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, l’idée que la race humaine se serait presque éteinte il y a 75.000 ans en raison de l’éruption du volcan Toba (voir ma note du 3 février 2010) a été mise à mal par de nouvelles données en provenance d’Afrique.
La super éruption du Toba a sans aucun doute été la plus grande éruption volcanique sur Terre dans les derniers 2,5 millions d’années. Les chercheurs estiment que quelque 2000-3000 kilomètres cubes de roches et de cendre ont été émis par le volcan quand il a fait exploser son sommet sur ce qui est maintenant l’île indonésienne de Sumatra.
Les scientifiques pensaient jusqu’à présent que l’éruption du Toba avait plongé le monde dans un hiver volcanique, tuant la vie animale et végétale et réduisant notre espèce à quelques milliers d’individus, phénomène généralement appelé « population bottleneck » – autrement dit ‘goulot d’étranglement de la population’ par les Anglo-saxons.
Une équipe scientifique sous la responsabilité de l’Université d’Oxford a examiné des carottes de sédiments anciens extraites du lac Malawi pour essayer de trouver des traces de cette catastrophe climatique, mais cette recherche a été vaine! Les chercheurs sont persuadés que l’éruption du volcan Toba a certainement déclenché des effets à court terme (quelques saisons), mais l’événement ne semble pas avoir provoqué un bouleversement climatique.

L’équipe d’Oxford estime que si cette perturbation climatique était si importante, elle devrait apparaître clairement dans les sédiments du lac Malawi. Ce plan d’eau est situé à environ 7000 km à l’ouest de Toba, dans la vallée du Rift, là même où l’Homo Sapiens est apparu il y a environ 100.000 ans.
Le lac est connu pour garder d’excellentes traces du changement climatique passé, traces que l’ont peut identifier à travers l’abondance d’algues et autres matières organiques qui se trouvent au sein des accumulations de boue au fond du lac.
Des dizaines de mètres de sédiments ont été forés pour extraire des carottes, et ce sont ces enregistrements des temps passés que les scientifiques d’Oxford ont examinés.
Ils ont identifié de minuscules éclats de verre volcanique (moins de 100 microns) au milieu des boues, à une trentaine de mètres sous le plancher du lac. Les analyses chimiques ont donné la preuve que ces fragments provenaient de l’éruption du Toba.
Les éclats de verre ne sont présents que sous forme de traces, mais ils indiquent que l’éruption du Toba a projeté des cendres beaucoup plus loin qu’on le pensait – environ deux fois la distance enregistrée dans d’autres études.
Toutefois, les chercheurs n’ont relevé aucun changement dans la composition des sédiments qui pourrait indiquer une baisse significative des températures en Afrique de l’Est liée à l’éruption du Toba.
Qui plus est, la présence de ces fragments a permis aux chercheurs de dater avec plus de précision d’autres événements climatiques détectables dans les carottes retirées du fond du lac Malawi. Il y a, entre autres, un ensemble de grandes sécheresses précédemment datées à environ 75.000 ans. Elles sont maintenant repoussées à au moins 10.000 ans avant l’éruption du Toba.

Affaire à suivre, car le débat n’est probablement pas clos !

Source : Presse anglo-saxonne.

drapeau anglais   According to a recent scientific study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences, the idea that humans nearly became extinct 75,000 ago (see my note of February 3rd 2010) because of The Toba eruption is not supported by new data from Africa.

The Toba super-eruption was the biggest volcanic blast on Earth in the past 2.5 million years. Researchers estimate some 2,000-3,000 cubic kilometres of rock and ash were thrown from the volcano when it blew its top on what is now the Indonesian island of Sumatra.

In the past, it has been proposed that the so-called Toba event plunged the world into a volcanic winter, killing animal and plant life and squeezing our species to a few thousand individuals, a phenomenon usually referred to as “a population bottleneck”. .

An Oxford University-led team examined cores of ancient sediments in Lake Malawi for traces of this climate catastrophe but they could find none! They said the eruption of Toba volcano certainly triggered some short-term effects over perhaps a few seasons but it does not appear to have switched the climate into a new mode.

The Oxford team reasoned that if this perturbation was so great, it ought to be evident in the sediments of Lake Malawi. This body of water lies some 7,000 km west of Toba in the East African Rift Valley, from where Homo Sapiens emerged in the past 100,000 years or so.

The lake is said to retain an excellent record of past climate change which can be inferred from the types and abundance of algae and other organic matter found in its bed muds.

Tens of metres of sediments have been drilled to retrieve cores, and it is these recordings of past times that the Oxford scientists examined.

They identified tiny glass shards (less than 100 microns in size) mixed in with the muds almost 30 metres below the lake bed. Chemical analysis ties the fragments to the Toba eruption.

The shards are present only in traces, but indicate the eruption spewed ash much further than previously thought – about twice the distance recorded in other studies.

However, the investigation finds no changes in the composition of the sediments that would indicate a significant dip in temperatures in East Africa linked with the Toba eruption.

What is more, the presence of the shards has allowed researchers to more accurately time other climate events that are seen in the cores. This includes a group of huge droughts previously dated to occur some 75,000 years ago. These have now been pushed back at least 10,000 before the eruption.

We’ll see the reactions of the other scientists to the new findings. This is probably not the end of the story!

Source: Anglo-Saxon press.

Toba-blog

La caldeira du Toba vue depuis l’espace en 2006 (Crédit photo:  NASA)