Ça va mal au Japon ; les Japonais sont en colère. Le mont Fuji (3776 m), merveille naturelle la plus emblématique du pays et site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ne fait plus la une des journaux pour sa beauté, mais parce qu’il est en train de devenir une « montagne de déchets ».

Crédit photo: Wikipedia
Autrefois vénéré pour sa sérénité et son symbolisme, le mont Fuji montre aujourd’hui les conséquences fâcheuses de sa popularité : bouteilles, emballages et toutes sortes d’équipements abandonnés jonchent les sentiers d’accès au célèbre volcan.
En 2024, le Japon a accueilli un nombre record de touristes. Mais cette croissance a un revers de taille. Des destinations très prisées comme Kyoto, Tokyo et surtout le mont Fuji sont submergées par un trop grand nombre de visiteurs. Cette forte augmentation de la fréquentation entraîne une augmentation des déchets et une dégradation de l’environnement sur cette montagne autrefois parfaitement propre. De nombreuses images de pentes jonchées de détritus ont circulé sur les réseaux sociaux, ce qui va à l’encontre de la notion de propreté au Japon. Cette abondance de détritus a valu au mont Fuji le surnom peu enviable de « montagne de déchets ». Les autorités locales, la population autour du volcan et les observateurs internationaux tirent désormais la sonnette d’alarme. En réponse, le gouvernement japonais et les autorités régionales mettent en place des politiques visant à réduire l’impact environnemental du tourisme de masse.
Dans une note publiée en février 2018, j’expliquais que les autorités japonaises avaient décidé de réduire de 25% le nombre de randonneurs sur le mont Fuji. Des seuils pour deux des quatre sentiers d’accès au sommet ont été proposés lors d’une réunion le 15 février 2018, suite à un appel de l’UNESCO visant à remédier à la surfréquentation sur le volcan, susceptible d’avoir un impact sur l’environnement naturel et même la survie de la montagne. Selon ce plan, le nombre de randonneurs serait limité à 4 000 par jour sur le sentier Yoshida, dans la préfecture de Yamanashi, et à 2 000 sur le sentier Fujinomiya, dans la préfecture de Shizuoka. Selon le ministère de l’Environnement, le nombre quotidien de randonneurs a atteint un pic de 4 544 sur le sentier Yoshida et de 2 656 sur le sentier Fujinomiya pendant la saison d’escalade de juillet à septembre 2017.

Reflet du Mont Fuji dans le lac Kawaguchi, l’une des Trente-Six Vues du Mont Fuji de Katsushika Hokusai.
Le surtourisme met non seulement à rude épreuve les infrastructures locales, mais menace également les écosystèmes naturels et le patrimoine culturel. Les amas de déchets peuvent libérer des toxines dans le sol et polluer l’eau, nuire à la faune et dégrader les conditions de visite des touristes. Si le mont Fuji est l’exemple le plus visible du surtourisme, de nombreux sites culturels et naturels du Japon subissent cette pression.
Sans une gestion rigoureuse, les profits économiques du tourisme risquent de se faire au détriment de l’environnement et de la culture sur le long terme. Alors que le Japon poursuit son objectif ambitieux d’atteindre 60 millions de visiteurs par an d’ici 2030, la nécessité d’établir un équilibre entre croissance et durabilité devient de plus en plus urgente. Une solution pour enrayer le problème croissant des déchets serait d’augmenter les droits d’entrée pour les visiteurs étrangers, ce qui pourrait contribuer à financer la préservation de l’environnement. Les collectivités locales encouragent également les voyageurs à visiter les régions moins fréquentées, ce qui répartirait la pression touristique de manière plus uniforme.
Des campagnes comme « Tourisme pour tous » encouragent les touristes à respecter les traditions locales et à ne pas laisser leurs déchets derrière eux. De plus, le gouvernement encourage le développement du tourisme régional, notamment dans les zones peu visitées, mais présentant une valeur culturelle et naturelle.
Source : The Japan Times.
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Things are going badly in Japan ; the Japanese are angry. Mount Fuji (3,776 m.), the country’s most iconic natural wonder and a UNESCO World Heritage site, is no longer making headlines for its beauty, but because it is becoming a « trash mountain. »
Once revered for its serenity and symbolism, it is now showing the wear and tear of popularity in the form of discarded bottles, wrappers, and gear littering its trails.
In 2024, Japan welcomed a record number of tourists. But this growth came with a big downside. Popular destinations such as Kyoto, Tokyo, and especially Mount Fuji have become overwhelmed by the number of visitors.
This spike in foot traffic has led to increased waste and environmental degradation on the once-pristine peak. Images of litter-strewn slopes have circulated widely online, which goes against the Japanese notion of cleanliness. The surge in trash earned Mount Fuji the poorly enviable nickname of « trash mountain ». Local officials, concerned citizens, and international observers are now raising alarms. In response, the Japanese government and regional authorities are introducing policies to reduce the environmental toll of mass tourism.
In a post released in February 2018, I explained that Japanese authorities had decided to reduce the number of hikers on Mount Fuji by up to 25 percent. The thresholds for two of the four trails to the summit were proposed at a meeting on February 15th, 2018 in response to a call by UNESCO to address the congestion on the volcano, which may have an impact on the mountain’s natural environment and existence. Under the plan, hikers would be limited to 4,000 climbers a day on the Yoshida trail in Yamanashi prefecture and 2,000 on the Fujinomiya trail in Shizuoka prefecture. According to the Environment Ministry, the number of climbers per day had peaked at 4,544 on the Yoshida trail, and 2,656 on the Fujinomiya trail during the July-September 2017 climbing season.
Overtourism not only strains local infrastructure but also threatens natural ecosystems and cultural heritage. Piles of trash can leach toxins into the soil and water, harm wildlife, and degrade visitor experiences. While Mount Fuji is the most visible example, many of Japan’s cultural and natural sites are feeling the pressure.
Without careful management, the economic gains of tourism risk coming at the cost of long-term environmental and cultural loss. As Japan pursues its ambitious goal of reaching 60 million visitors per year by 2030, the balance between growth and sustainability is becoming increasingly urgent.
One solution to curb the mounting waste problem includes introducing higher entry fees for international visitors, which could help fund environmental maintenance. Local governments are also urging travelers to visit less-trafficked regions, spreading out tourism pressure more evenly.
Campaigns like « Tourism for All » are encouraging visitors to respect local traditions and pack out all trash. Moreover, the government is promoting regional tourism development, particularly in under-visited areas with cultural and natural value.
Source : The Japan Times.
Bonjour Claude.
Encore un post qui me fait réagir…
Un coin paumé par le passé fait tout pour que le touristo-vulgaris vienne et dépense ses pépettes.
La mode aidant, la foule se masse, dépense beaucoup, les infrastructures pas locales (hôtels, air BNB et autres) apparaissent, la pollution devient omniprésente (humaine, sonore), et l’on finit par dire : trop c’est trop, faut réguler avec ticket d’accès (sous entendu, pas perdre le pognon du touristo-vulgus).
C’est hélas un peu partout.
Je connais des coins délaissés par la foule dans les Pyrénées, entre deux vallées bondées, où le SILENCE est assourdissant, et la nature PROPRE.
Un havre de paix où les fleurs poussent libres, et les marmottes vous regardent d’un air curieux.
A côté dans la vallée voisine, parkings (payants) obligatoires et pass d’accès.
Hier, lors d’un Rdv à Dax (Landes), le constat est sans appel : les rues et les trottoirs débordent de déchets suite à la féria qui a attiré un million de festayres en quelques jours.
Je suis pas contre les fêtes, mais elles sont maintenant à des années lumière de l’ancien temps
Tourisme : jackpot.
Environnement : ippon
Dernier mot d’humeur : les photos des cadavres dans l’Himalaya dans la zone de la mort, avec des files d’aspirants qui passent à côté.
Insupportable.
Amitiés, adishatz.
Frédéric.
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Bonjour Frédéric,
Vous prêchez un convaincu. Le surtourisme et surtout les réseaux sociaux sont en train de tuer tout ce qui a fait le bonheur de notre génération. Aujourd’hui, les gens éprouvent le besoin de s’agglutiner, sans aucun respect (gros mot de nos jours) pour l’environnement. Comme vous, je connais des coins encore préservés, mais que je ne les confierai à personne.
Ici on respire car la canicule est passée.
Bonne journée.
Claude
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