Réchauffement climatique : seulement une histoire d’adaptation ?

Par l’intermédiaire du Premier Ministre, le gouvernement a présenté, le 25 octobre 2024, la troisième version du plan national d’adaptation au réchauffement climatique. Cette présentation intervient une semaine après d’importantes inondations dans la moitié sud de la France.

Selon le gouvernement, la France doit anticiper une vie avec +2,7°C en 2050. Le précédent plan d’adaptation (2018-2022) prévoyait un réchauffement de 1,5°C à +2°C d’ici 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle. Toutefois, au vu de l’accélération de la hausse des températures, les prévisions ont dû être corrigées. La France hexagonale se prépare désormais, d’ici à la fin du siècle, à un réchauffement de +4°C, à côté de +3°C en moyenne à l’échelle mondiale. On est très loin des 1,5°C de hausse stipulé par l’Accord de Paris !!!

Le calendrier de hausse de la température prévoit +2°C en 2030, et +2,7°C en 2050. Selon cette trajectoire de réchauffement climatique, les glaciers alpins situés en France auront disparu d’ici 2100. [NDLR : Cette fonte impliquera forcément une raréfaction de l’eau. Elle suppose également la raréfaction de la neige et donc une nécessité d’adaptation des stations de sports d’hiver.]

Le risque de sécheresse sera multiplié par trois à l’horizon 2030 par rapport aux années 1960, et multiplié par 4 d’ici 2100.

Dans ce contexte, le Premier Ministre a énuméré des mesures dont le but est de « protéger les populations précaires des fortes chaleurs » ou encore d' »adapter les logements ». Vous aurez un bon aperçu de ces mesures sur le site de France Info :

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/ce-qu-il-faut-retenir-du-nouveau-plan-national-d-adaptation-au-changement-climatique-qui-prepare-la-france-a-vivre-avec-une-hausse-de-4-c-d-ici-2100_6859235.html

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À titre personnel, je suis ravi de voir que notre gouvernement semble avoir pris conscience de la gravité de la situation climatique. Les chiffres fournis par le Premier Ministre parlent d’eux-mêmes. Il n’a pas rappelé les engagements de la COP 21 de Paris de limiter la hausse des températures à 1,5°C. En fait, il a eu raison car tout le monde sait aujourd’hui (sauf les climato-sceptiques) que ce but ne sera jamais atteint. Ce seuil est pratiquement d’actualité en 2024 !

Ce qui me gène dans les propos du Premier Ministre, c’est la répétition du mot « adaptation » et l’absence totale du mot « prévention ». On a vraiment l’impression que pour nos gouvernants – et pas seulement en France – la partie climatique est perdue d’avance et que nous ne pourrons pas faire autre chose que nous adapter.

Aucune allusion n’est faite à des mesures qui pourraient freiner (je ne parle pas d’arrêter) les émissions de gaz à effet de serre. Certains me diront que ce n’était pas le jour pour le faire. Monsieur Barnier était seulement venu parler d’adaptation. C’est vrai, et ce rôle est davantage dévolu aux COP. Mais quand on connaît leur inefficacité et les échecs successifs de ces réunions, on s’aperçoit vite qu’on ne peut leur accorder qu’une confiance très relative. À ne vouloir – ou ne pouvoir – rien faire, on conduit notre monde à la catastrophe.

Je ne serai plus là pour le voir (et j’en suis ravi), mais je me demande comment feront les futures générations pour s’adapter à un réchauffement climatique qui ne fera que s’aggraver. Il y a fort à parier que les températures prévues aujourd’hui pour 2100 seront largement dépassées, comme le sont celles avancées en 2021. L’accumulation de pénuries (en eau en particulier) donnera forcément naissance à des conflits dans le monde. Pas sûr que l’adaptation sera suffisante pour faire face à tous les problèmes.

Sale temps pour les glaciers alpins! (Photo: C. Grandpey)

2 réflexions au sujet de « Réchauffement climatique : seulement une histoire d’adaptation ? »

  1. Parler d’adaptation, c’est effectivement jeter l’éponge, c’est se résigner au constat qu’on n’y pourrait désormais plus rien. Et c’est dramatiquement oublier l’éventuel emballement de l’effet de serre qui pourrait découler des diverses boucles de rétroaction positives. Cet emballement à eu lieu sur Vénus par le passé. Une étude du Goddard Institute for Space Studies de la Nasa du 10 août 2016 avance que cette planète aurait été habitable pendant deux milliards d’années (https://science.nasa.gov/earth/climate-change/nasa-climate-modeling-suggests-venus-may-have-been-habitable/) ; si ce lien disparaît à la publication de ce commentaire, tapez les mots-clés et la date de publication. Une adaptation pourrait alors n’être que provisoire, comme le redoutait déjà le climatologue retraité de cette même Nasa James Hansen dans son ouvrage Storms of my Grandchildren (non traduit en français). Si au siècle prochain il ne reste que quelques millions de personnes survivant tant bien que mal au-delà des cercles polaires, constamment soumises aux coups de boutoir de tempêtes épouvantables, elles repenseront amèrement à leurs grand-parents irresponsables qui avaient la prétention de s’adapter, et elles les maudiront. D’ici là, on aura compris qu’on ne s’adapte pas non plus à des canicules conjuguées à de forts pourcentage d’humidité (voir l’indice Humidex établi par les Canadiens), comme des milliers de personnes l’ont déjà appris à leurs dépens, entre autres pendant le pèlerinage à La Mecque de cette année. À partir de 55°C, même si c’est une chaleur sèche, on meurt, même si on est en parfaite santé, on ne s’adapte pas, et d’autres espèces que la nôtre meurent bien avant. Il est plus que temps de rappeler à nos politiques que « gouverner, c’est prévoir ».

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    1. Bonjour Fred,
      Un grand merci pour ce commentaire. Je suis d’accord avec vous : notre planète court à sa perte et l’homme aura tout fait pour la détruire.
      Cordialement,
      Claude Grandpey

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