La COP 28 de Dubaï ? À quoi bon ?

Avant même que la COP 28 débute à Dubaï dans les Emirats Arabes Unis (EAU) le 30 novembre 2023, on sait qu’il n’en sortira rien et que ce sera un échec pour notre planète. Il est bien évident qu’ayant lieu dans un pays producteur de pétrole, elle ne pourra pas déboucher sur davantage de décisions positives que la COP 24 qui a eu lieu en Pologne, dans le bassin houiller de Silésie. Sans oublier la COP 27 de 2022 à Charm El-Cheikh où la présence de six cents lobbyistes des énergies fossiles avait réussi à contrecarrer les propositions les plus ambitieuses et à annihiler toute mesure concrète. Cerise sur le gâteau, la COP 28 aura à sa tête Sultan Al Jaber, président du géant pétrolier des Emirats Arabes Unis, ADNOC. C’est à mes yeux une véritable provocation. Il est impensable de confier la présidence d’un tel événement à un représentant du lobby pétrolier, l’un des secteurs responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Sultan Al Jaber a appelé le 8 octobre les gouvernements à renoncer à leurs « fantasmes », en prenant comme exemple l’abandon précipité des infrastructures énergétiques existantes pour atteindre les objectifs en matière de climat. On appréciera l’état d’esprit ! Il a fait cette déclaration à l’ouverture de la Semaine du climat du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, une conférence organisée par les Nations Unies à Riyad.

La question de l’abandon des combustibles fossiles présente pourtant un caractère d’urgence au moment où les températures mondiales s’approchent du seuil de 1,5°C au-dessus des niveaux de l’ère pré-industrielle, fixé par l’accord de Paris en 2015. Selon Sultan Al Jaber, « nous ne pouvons pas débrancher le système énergétique d’aujourd’hui avant de construire le système de demain. Ce n’est tout simplement ni pratique ni possible »,

La messe est dite.

Source : France Info.

Dubaï by night (Photo : Ivan Siarbolin / Wikipedia)

Quand je vous dis qu’ils sont frileux !

Dans une note mise en ligne avant-hier, j’ai poussé un coup de gueule et regretté la frilosité des climatologues, ainsi que leur lenteur à admettre l’impact du réchauffement climatique, en particulier sur les glaciers. Comme je l’ai fait remarquer à des personnes qui critiquaient la sévérité de mes propos, je suis parfaitement au courant de la lenteur administrative qui accompagne les publications et les travaux de recherche des scientifiques. C’est ainsi qu’il a fallu un an avant que le Marion Dufresne se rende à Mayotte pour étudier le volcan apparu au fond de l’océan!

Je viens d’avoir confirmation de cette frilosité des climatologues en lisant un article paru dans le journal L’Est Républicain. Comme beaucoup de gens, le journaliste qui a écrit l’article se pose des questions sur la canicule actuelle et les 40°C à répétition enregistrés dans plusieurs régions de France. Comme il l’écrit fort justement, « cette barre extraordinaire il y a seulement un demi-siècle est aujourd’hui de plus en plus souvent dépassée, un symbole du dérèglement climatique.»

Selon Météo France, un tel seuil de température n’a été dépassé qu’une fois dans les années 1960 et une fois dans les années 1970. Depuis 2008, au moins une station de mesure dépasse les 40°C chaque année (sauf en 2014). Et les étés 2019 et 2020 ont vu un véritable festival de 40°C, avec une extension vers le nord du pays. Ces chiffres sont la preuve évidente de l’accélération du réchauffement climatique. Comme je l’ai écrit précédemment, les glaciers alpins ont montré l’accélération de leur fonte dans le milieu des années 1970.

Le point de vue du climatologue interrogé par L’Est Républicain est assez surprenant. Selon lui, les derniers épisodes de chaleur intense des deux dernières années ne sont pas représentatifs d’une accélération du réchauffement climatique ! .Il ajoute à propos des températures de 40°C dépassées deux années de suite : « Ça peut paraître un peu étonnant, mais c’est probablement un hasard. » C’est aussi le point de vue d’un climatologue du Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique (CERFACS) de Toulouse. C’est bizarre, mais je n’avais pas cette conception du mot ‘hasard’ !

Après avoir émis ces doutes, les scientifiques reconnaissent pourtant que la répétition des 40°C que l’on observe cet été risque de n’être qu’un avant-goût des décennies à venir. Les simulations avancent des températures pouvant dépasser 45°C ou 50°C, voire 55°C. .Le record de France de 46°C a été établi en 2019. Il faut noter que les températures avoisinant 50°C sont celles que l’on relève dans la célèbre Vallée de la Mort aux Etats-Unis, mais sur des périodes beaucoup plus longues. Nous n’en sommes heureusement pas là.

Le climatologue toulousain explique que ces extrêmes ne se produiront que si on ne réduit pas immédiatement et de manière tenace les gaz à effet de serre. Là encore, je suis surpris par une telle déclaration. En effet, on sait pertinemment que même si, par un coup de baguette magique, on arrêtait ces émissions de gaz à effet de serre, il faudrait – à cause d’un effet de latence – des décennies pour que l’atmosphère se purifie et retrouve un semblant d’équilibre avec, à la clé, une baisse des températures. Au cours de la période de confinement due au coronavirus, on a vu que la baisse des émissions de CO2 n’avait eu aucune incidence sur leur concentration dans l’atmosphère.

J’aimerais rafraîchir la mémoire de ces deux climatologues en leur montrant le hit-parade des années les plus chaudes. Ils verront que le hasard a tendance à se répéter !

Classement établi à l’issue du mois de juillet 2020 (Source : NCEP-NCAR)