Météo France a toujours avancé sur la pointe des pieds quand il s’agit de parler du réchauffement climatique. Par exemple, les présentatrices de la météo sur France Info insistent beaucoup plus sur les températures en-dessous des normales saisonnières que sur leurs homologues en périodes chaudes.
Ce matin, un météorologue de Météo-France affirmait qu’il n’y avait pas de lien entre les violentes tempêtes qui défilent en ce moment en Europe et le réchauffement climatique. Cela va à l’encontre de ce qu’affirment la plupart des scientifiques qui nous rappellent que sous l’effet de la concentration croissante des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la température dans les océans du globe a battu un nouveau record en 2022. Toutes les mesures montrent qu’il en sera probablement de même en 2023.
Les climatologues s’accordent pour dire que la hausse du contenu de chaleur de l’océan est le meilleur symbole du réchauffement climatique en cours. En effet, c’est dans l’océan que l’on retrouve la chaleur additionnelle due à l’augmentation des gaz à effet de serre.
Les effets de ce réchauffement des océans sont particulièrement importants. Ce sont des puits de carbone et, en tant que tel, ils absorbent nos émissions de gaz à effet de serre, et notamment près de 25% des émissions de CO2 dues aux activités humaines. Selon le rapport du Giec publié en 2019, les océans du globe ont absorbé plus de 90% de la chaleur emmagasinée par la Terre depuis 1970. Le hic, c’est que leur réchauffement réduit leur efficacité à pomper ce carbone. Plus un océan est chaud, moins il est capable d’absorber du CO2 et une part importante de nos émissions reste donc dans l’atmosphère. A son tour, cette hausse des gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne une accélération du réchauffement climatique à travers le monde.
Il ne faudrait pas oublier, non plus, que les océans et mers du globe sont en lien étroit avec l’atmosphère. S’ils se réchauffent, ils accroissent la température et l’humidité de l’air, ce qui crée des tempêtes et des ouragans plus puissants, et augmente les précipitations et les risques d’inondation. La chaleur qui reste dans l’océan de surface va en partie conduire à un réchauffement des basses couches de l’atmosphère. De ce fait, plus il y a d’énergie dans l’océan, plus il y a de cyclones tropicaux. On sait que ces tempêtes sont générées dans des zones où la température de l’eau de mer est importante, au-delà de 29 degrés, comme le Golfe du Mexique. Donc, avec une augmentation de la température des océans, on peut s’attendre à une hausse de fréquence ou de l’intensité de ces cyclones tropicaux comme on l’a vu avec celui qui a frappé la station balnéaire d’Acapulco au Mexique.
De plus, avec le réchauffement des océans, l’atmosphère contient plus d’eau et de vapeur d’eau. Avec ce phénomène, il faut s’attendre à des événements météorologiques extrêmes conduisant à des précipitations importantes. Ainsi, les très hautes températures observées au cours de l’été en Méditerranée ont pu amplifier les épisodes cévenols et méditerranéens cet automne. Les tempêtes qui défilent ces jours-ci en France et en Europe en général (Ciaran ne sera pas la seule) ne sont pas étrangères, elles non plus, au réchauffement climatique d’origine anthropique.
Certains climatologues et météorologues prétendent que nous ne disposons pas de suffisamment de recul pour l’affirmer. Or, on sait parfaitement que le réchauffement climatique s’est intensifié à partir des année 1970 (la fonte ultra rapide des glaciers est là pour le prouver) et les tempêtes les plus violentes – Xynthia, par exemple – ont été observées au cours de cette période.
Si la tempête Ciaran génèrent les vent prévus et cause des dégâts – ce que je ne souhaite bien sûr pas – on nous dira, comme d’habitude, que c’est « du jamais vu », mais qui, malheureusement est amené à se répéter avec le réchauffement climatique.

La fonte rapide des glaciers – comme celui d’Aletsch sur la photo – devrait nous alerter sur l’impact du réchauffement climatique. (Photo: C. Grandpey)

Combien de temps les enrochements – comme ici à Lacanau – pourront-ils résister aux assauts des vagues au moment des tempêtes (Photo: C. Grandpey)