On peut lire sur le site web Our Amazing Planet un article très intéressant à propos du Mont Erebus, volcan bien connu, qui domine l’Antarctique de ses 3794 mètres et recèle au fond de son cratère l’un des rares lacs de lave de notre planète. Il n’est pas évident pour des équipes scientifiques d’y effectuer des missions prolongées car les conditions climatiques peuvent être horribles. Je ne peux que recommander à ce sujet l’ouvrage d’Haroun Tazieff Erebus, volcan antarctique dans lequel l’auteur décrit plusieurs missions dans ce lieu reculé de la planète.
Un travail de recherche effectué par le New Mexico Tech grâce à l’argent alloué par la National Science Foundation a permis d’avoir une idée du système d’alimentation de l’Erebus. Les scientifiques ont même réalisé une petite vidéo – visible sur le site Internet – qui montre le résultat des mesures effectuées sur le terrain en utilisant pour la première fois l’interférométrie sismique.
L’interférométrie sismique s’appuie sur l’interprétation des bulles de gaz qui s’élèvent dans les conduits éruptifs. Chaque fois qu’une bulle de gaz suffisamment importante se fraye un chemin dans un conduit éruptif, elle libère une certaine quantité d’énergie qui vient ricocher contre les parois. Si l’une des parois se trouve dans un bon angle face à une station sismique, cette dernière identifie la position de la paroi, un peu comme le fait le système d’écholocation d’une chauve-souris.
Plus de 90 stations sismiques ont été installées autour du cratère de l’Erebus entre 2007 et 2008 pour une autre mission. Les scientifiques ont ensuite voulu profiter de l’une des expéditions pour tester l’interférométrie sismique afin de voir si cette nouvelle technologie était susceptible de fournir des données supplémentaires. Le résultat est très encourageant.
Les images confirment ce que pensaient beaucoup de volcanologues : le système d’alimentation du volcan se compose d’un enchevêtrement de conduits et de chambres magmatiques interconnectés qui s’entremêlent à l’intérieur de tout l’édifice volcanique.
On distingue au moins deux ensembles de conduits sous le lac de lave, orientés dans des directions différentes. L’un d’eux en particulier, présente un angle de 15°. Les images fournies par les instruments ont permis d’identifier de nombreuses structures superficielles contenant des poches de magma, en sachant que la plus volumineuse d’entre elles, d’un diamètre probable de plus de 900 mètres, se situe à environ 1200 mètres sous le sommet du volcan.
Les mesures ont permis d’étudier le système magmatique de l’Erebus jusqu’à une profondeur de 3000 mètres. En dessous, les mesures deviennent illisibles et donc inexploitables. Les scientifiques font remarquer que l’Erebus est un volcan parfait pour effectuer un travail de recherche : il est actif, mais pas trop, ce qui permet de faire les mesures sans être exposé à un danger excessif.
Vous pourrez lire l’article dans son intégralité (en anglais) et visionner la petite vidéo en cliquant sur ce lien :
http://www.ouramazingplanet.com/2900-antarctic-volcano-insides-imaged.html
Cette nouvelle approche de la volcanologie avec l’interférométrie sismique ouvre des perspectives prometteuses pour l’étude et le contrôle d’autres volcans qui sont une menace pour les populations. Les chercheurs pensent qu’il serait intéressant d’effectuer un travail identique sur la Chaîne des Cascades. En extrapolant, ils affirment que si l’on avait disposé de cette technologie au moment de l’éruption du Mont St Helens en 1980, on aurait pu prévoir qu’elle serait latérale et pas sommitale. Ce genre d’affirmation est toujours facile à avancer une fois que l’événement est terminé ! Seule la prochaine éruption pourra dire si ces propos sont exacts.
Anorthose et échantillon du lac de lave de l’Erebus
(Photo: C. Grandpey – Collection personnelle)