Popocatepetl (Mexique)

drapeau francais.jpgL’éruption du Popo continue de manière assez intense, avec des nuages de gaz et de cendre et des projections incandescentes de plusieurs centaines de mètres de hauteur.

Pour répondre à une question qui m’a été posée, je ne pense pas que l’accumulation de ces matériaux incandescents entraîne une fonte des glaciers sur les pentes du volcan mexicain. Comme l’a fait remarquer Haroun Tazieff en 1985 à propos du Nevado del Ruiz, les lahars qui ont provoqué la catastrophe n’ont pas été le résultat de la fonte de la glace sous l’accumulation de cendre, mais ils ont été déclenchés par la chaleur du magma à l’intérieur du volcan. Garouk faisait remarquer que l’on voit souvent sur l’Etna une bonne couche de neige recouverte par une épaisseur de cendre qui joue le rôle d’isolant.

S’agissant du Popocatepetl, je pense que l’activité actuelle va se produire encore quelque temps (plusieurs semaines ?) avant que le volcan retrouve son rythme habituel. Cette activité permet une libération de l’énergie qui s’est accumulée sous l’édifice. Tant que le dôme ne dépasse pas la lèvre du cratère, il n’y a pas de risque d’événement dévastateur majeur. Les explosions (qui correspondent probablement à la destruction du dôme pendant sa croissance) sont certes spectaculaires, mais leur effet est limité. Seule la cendre peut représenter un problème pour les populations qui vivent à proximité du Popo.

 

drapeau anglais.jpgThe eruption of Popocatepetl is going on in an intense way with gas and ash clouds and ejections of incandescent fragments several hundred metres high.

To answer a question someone asked me, I do not think the accumulation of these incandescent fragments may trigger dramatic glacier melting. In the case of Nevado del Ruiz in 1985, Haroun Tazieff indicated it was the heat from the volcano that caused the mudflows, not the ash. He quoted the example of Mount Etna where snow is often covered with ash that plays the role of an insulator.

As far as Popo is concerned, I think the current activity will go on for some time. It allows the volcano to release the pressure that has accumulated beneath the edifice. As long as the dome does not grow above the rim, there in no risk of a disaster. The explosions (that probably correspond to the destruction of the dome during its growth) may be dramatic but their effect is limited. Only the ash can be a trouble for the people living close to the volcano.

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Le Popocatepetl le 14 mai au matin (Avec l’aimable autorisation du CENAPRED)

 

Une radiographie de l’Etna?

On apprend sur le site Internet ANSA. IT que des scientifiques italiens de quatre secteurs de recherche ont réalisé, en collaboration avec l’INGV, la première « radiographie » de l’Etna. Selon ces chercheurs, elle permet d’expliquer pourquoi le volcan a tendance à glisser vers la Mer Ionienne.

On sait, depuis plusieurs années, que le flanc est de l’Etna bascule vers la mer à raison de 2 ou 3 centimètres par an, vitesse qui peut s’accélérer et atteindre plusieurs dizaines de centimètres.

Les résultats de l’étude indiquent que ce glissement est dû à la fragilité de la base orientale sur laquelle repose le volcan. Cette dernière est constituée de roches sédimentaires, donc d’origine non volcanique, et de ce fait de nature plus fragile. La pression exercée par l’édifice volcanique provoque la fracturation de la partie basse qui, n’étant pas soutenue par d’autres structures géologiques (les fonds marins à l’est plongent rapidement pour atteindre une profondeur de 200 mètres) bascule vers la mer et entraîne un « démaillage » du terrain en surface. Ce dernier est visible avec la formation d’ouvertures sur le terrain, de fissures dans les habitations, le tout pouvant s’accompagner de fortes secousses sismiques superficielles.

 

Cette étude, aussi intéressante soit-elle, n’apporte rien de très nouveau. Le basculement du massif de l’Etna vers la Mer Ionienne est connu depuis longtemps, de même que les failles – celle de Pernicana est l’une des plus célèbres – qui fracturent cette partie du massif. Plusieurs travaux scientifiques ont déjà expliqué que la partie orientale du volcan repose sur un socle sédimentaire, donc moins résistant.

Cette dernière étude ne fait donc que confirmer la situation instable de l’Etna. Par le passé, certains scientifiques se sont demandés si, un jour ou l’autre, on ne pourrait pas assister à un événement majeur avec le « décrochement » de tout un pan de l’édifice volcanique dans la Mer Ionienne. C’est peut-être aller un peu vite en besogne, mais une telle catastrophe s’est déjà produite ailleurs dans le monde. La surveillance de l’Etna doit donc être autant géologique que volcanique. La dernière étude montre que les deux aspects sont étroitement liés car la pression volcanique induit inévitablement des déformations géologiques.

 

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Les principales failles sur le versant est de l’Etna
La faille de Pernicana correspond au n° 8
(Avec l’aimable autorisation de l’INGV)