Lors de mes interventions en public, on me demande souvent s’il existe un lien entre les séismes et les volcans. Cette question m’a été posée à plusieurs reprises au moment du tremblement de terre (M 9) de Fukushima le 11 mars 2011. S’agissant de ce dernier événement, je n’ai pas relevé de modification dans le comportement des volcans nippons. Plusieurs sont pourtant actifs ou potentiellement actifs et aucune éruption majeure n’a eu lieu après le désastre de Fukushima. Le Sakurajima a connu ses explosions habituelles, mais rien de vraiment extraordinaire.
Plusieurs régions du globe où l’on enregistre régulièrement des séismes hébergent des volcans. C’est le cas du Chili, de l’Indonésie ou encore du Vanuatu, liste à laquelle on pourrait ajouter la Sicile.
En 2008 (si ma mémoire est bonne !), des scientifiques britanniques avaient cru déceler un lien entre séismes et éruptions volcaniques au Chili. Pas impossible, mais il faudrait d’autres exemples ailleurs dans le monde pour affirmer une telle relation. Autant que je me souvienne, des éruptions majeures comme celle du Mont St Helens en 1980, du Pinatubo en 1991 ou encore du Merapi en 2010 n’ont pas été précédées de forts séismes.
Mon ami Claude Blot, directeur de recherches à l’ORSTOM, aujourd’hui disparu, avait réalisé une étude à ce sujet dans le sud-ouest Pacifique où il avait cru déceler une relation entre des séismes profonds et le déclenchement d’éruptions quelques semaines plus tard. Il avait appliqué les résultats de ses recherches au Stromboli, mais ça ne marchait pas toujours ! Vous trouverez un résumé de son travail à cette adresse :
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_31-32/32961.pdf
Pour résumer la situation, on peut dire qu’un séisme tectonique se produit très souvent sans effet majeur sur l’acticité volcanique. En revanche, quand une éruption volcanique se produit, on enregistre inévitablement à un moment ou un autre une hausse de l’activité sismique. La montée du magma produit des fracturations de roches parfaitement visibles sur les sismogrammes. Cette activité sismique liée à une éruption peut provoquer des dégâts aux localités situées sur les pentes du volcan, comme ce fut le cas, par exemple, en octobre 2002 sur l’Etna où des effondrements d’édifices ont été observés à Santa Venerina. De plus le tremor (vibrations continues au niveau du volcan) s’intensifie lui aussi. Pour vous en rendre compte, je vous invite à vous connecter sur le site de l’INGV au moment d’un paroxysme de l’Etna: http://www.ct.ingv.it/index.php?option=com_wrapper&view=wrapper&Itemid=202&lang=it
S’agissant du volcan sicilien, il n’a jamais été fait état de lien entre les séismes destructeurs qui ont frappé Messine en décembre 1908 et une activité éruptive du Montgibello.
De nouvelles études permettront probablement de mieux cerner ce sujet au cours des années à venir.

