La couverture du numéro de septembre du National Geographic France montre le Dôme du Rocher sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Le sous-titre de la photo précise que c’est « un lieu saint sous hautes tensions ».
Cette photo fait remonter en moi le souvenir d’un voyage de quelques jours effectué à Jérusalem au mois de juin 2011, et que j’ai brièvement évoqué dans une note publiée le 26 juin de ce même mois.
Ce voyage est intimement lié à ma vie personnelle que, contrairement à beaucoup d’autres blogonautes, je n’évoque que très rarement sur ce blog.
L’histoire remonte à 1941, année où mon père – Gaston Grandpey – jeune instituteur (on ne parlait pas de professeur des écoles) est nommé au Masgelier, près de Grand-Bourg en Creuse où il restera de février à novembre 1941. On informe l’enseignant qu’il s’agit d’un poste particulier qui comporte certains risques. Ce n’est pas une école classique mais une maison qui abrite des enfants juifs de l’Œuvre de secours aux enfants, l’O.S.E., dissimulés à l’occupant dans ce coin perdu de la Creuse.

Le Masgelier en 1941
Les directeurs, Juifs eux aussi, assurent gîte et couvert. L’établissement possède trois classes mixtes.
La tâche qui attend le jeune instituteur est difficile et bien éloignée de la leçon modèle qu’on lui a enseignée à l’Ecole Normale. Point de matériel pédagogique, hormis de simples tables et des chaises.
Malgré cet environnement dépouillé, le travail s’organise car, si les enfants maîtrisent très mal le français, ils ont soif d’apprendre. C’est peut-être un moyen de soulager leur inquiétude. En effet, si certains reçoivent des nouvelles de leurs parents, d’autres apprennent leur départ dans des convois…
Parmi les jeunes pensionnaires du Masgelier figurent Harry Kujawski et Israël Lichtenstein, des élèves particulièrement doués et attachants. »Zizi » Lichtenstein, surtout, est un élève de huit ans qui sort du lot par la vivacité de son intelligence et son infatigable désir d’apprendre.
Quand, en novembre 1941, mon père quitte le Masgelier pour se rapprocher de sa future épouse – donc ma mère ! – ses élèves lui donnent en souvenir des photos dédicacées qu’il conservera précieusement.

« Zizi » Lichtenstein
A suivre…