Notre planète est en danger ! // Our planet is in danger !

Selon une étude publiée le lundi 13 novembre 2017, en marge de la COP23, les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en 2017. Les émissions de CO2 liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles devraient croître d’environ 2% cette année par rapport à 2016 et atteindre un record de 36,8 milliards de tonnes, après des années 2014 à 2016 quasiment stables. A mes yeux, ces nouveaux chiffres ne sont pas une surprise. Cela fait plusieurs années que j’observe les concentrations de CO2 au sommet du Kilauea à Hawaii, ainsi que la courbe de Keeling qui en découle. Cela fait plusieurs mois que l’on a dépassé le seuil symbolique de 400 parties par million (ppm). Le 12 novembre, cette concentration atteignait 404,60 ppm. Chaque journée établit actuellement un nouveau record.

Avec de tels chiffres, il est bien évident que l’objectif d’une augmentation de 2°C de la température globale de la planète prévu par la COP 21 de 2015 a du plomb dans l’aile. Pour l’atteindre, il faudrait, bien sûr, que les émissions atteignent leur pic ces prochaines années et diminuent ensuite rapidement. Ne nous leurrons pas ; les politiques énergétiques des grandes puissances industrielles ne vont pas dans ce sens, malgré les belles paroles proférées par leurs dirigeants. Les intérêts économiques passent loin devant les questions environnementales !

On peut prendre l’exemple de la Chine, qui génère 28% de ces gaz à effet de serre. Après des efforts au cours des dernières années, on observe à nouveau un boom de la production industrielle et une production hydroélectrique diminuée par des épisodes de sécheresse.

Aux Etats-Unis aussi, c’est la première fois en cinq ans que la consommation de charbon augmentera (+0,5%), du fait du prix élevé du gaz naturel. L’Inde voit ses émissions croître un peu moins (+2%) mais ce devrait être temporaire. Quant à l’Union Européenne (UE), ses émissions reculent moins vite que la décennie précédente (-0,2%).

Selon la dernière étude, les 10 principaux émetteurs sont, sans surprise, la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie, le Japon, l’Allemagne, l’Iran, l’Arabie saoudite, la Corée du Sud et le Canada. L’UE dans son ensemble se classe en 3e position.

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A cette étude publiée en marge de la COP 23 vient s’ajouter un manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays. Déjà en 1992, l’ONG Union of Concerned Scientists publiait « l’avertissement des scientifiques du monde à l’humanité ». 1700 scientifiques prévoyaient que l’impact des activités de l’homme sur la nature allait probablement aboutir « à de grandes souffrances humaines » et à « mutiler la planète de manière irrémédiable ».

Un quart de siècle plus tard, plus de 15 000 scientifiques émettent un nouvel avertissement. Cette tribune est publiée par la revue BioScience et reprise par Le Monde du lundi 13 novembre 2017. Vous pourrez en lire l’intégralité en cliquant sur ce lien :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html

Selon ce manifeste ; tous les voyants sont au rouge : Disponibilité de l’eau potable, déforestation, baisse du nombre de mammifères, émissions de gaz à effet de serre. « L’humanité ne fait pas ce qui devrait être entrepris de manière urgente pour sauvegarder la biosphère menacée. Bientôt, il sera trop tard pour inverser cette tendance dangereuse. »

Ces scientifiques estiment toutefois qu’il est encore possible d’inverser cette tendance pour permettre aux écosystèmes de retrouver leur durabilité. Parmi les mesures recommandées, il y a la création d’un plus grand nombre de réserves naturelles et un renforcement des lois contre le braconnage. Les auteurs de la tribune plaident aussi pour des mesures encourageant un régime alimentaire davantage à base de plantes et l’adoption à grande échelle des énergies renouvelables et d’autres technologies vertes.

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According to a study published on Monday November 13th, on the sidelines of COP23, global greenhouse gas emissions are on the rise again in 2017. CO2 emissions from industry and fossil fuel combustion are expected to increase by about 2% this year compared to 2016 and reach a record 36.8 billion tonnes, after 2014 to 2016 which were almost stable. These new figures are not a surprise. It has been several years since I observed CO2 concentrations at the summit of Kilauea in Hawaii, as well as the resulting Keeling curve. It has been several months since we crossed the symbolic threshold of 400 parts per million (ppm). On November 12th, this concentration reached 404.60 ppm. Each day is setting a new record.
With such numbers, it is obvious that the goal of an increase of 2°C for the global temperature of the planet envisaged by the 2015 COP 21 will hardly be attained. To reach it, noxious emissions would have to peak in the next few years and then decline rapidly. Let’s not fool ourselves; the energy policies developed by the major industrial powers do not go in this direction, despite the fine words uttered by their leaders. Economic interests can’t rival with environmental issues!
We can take the example of China, which generates 28% of these greenhouse gases. After efforts in recent years, there is again a boom in the industrial production and the hydroelectric production which as been reduced by droughts.
In the United States too, it is the first time in five years that coal consumption will increase (by 0.5%), due to the high price of natural gas. India sees its emissions grow a little less (by 2%) but it should be temporary. As for the European Union (EU), its emissions are declining more slowly than the previous decade ( by 0.2%).
According to the latest study, the top 10 gas emitters are, unsurprisingly, China, the United States, India, Russia, Japan, Germany, Iran, Saudi Arabia, South Korea and Canada. The EU as a whole ranks third.

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In addition to this study, a manifesto was published at the same time as the COP 23. It was signed by 15,364 scientists from 184 countries. Already in 1992, the NGO Union of Concerned Scientists published « the warning world scientists to humanity. » 1,700 scientists predicted that the impact of human activities on Nature would likely lead to « great human sufferings » and « mutilate the planet in an irreparable way ».
A quarter of a century later, more than 15,000 scientists are issuing a new warning. This text was published by BioScience and reviewed by Le Monde on Monday, November 13th, 2017. You can read the whole text by clicking on this link:
http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html

According to this manifesto; all the lights are red: Availability of drinking water, deforestation, decrease in the number of mammals, emissions of greenhouse gases. « Humanity is not doing what urgently needs to be done to save the threatened biosphere, and it will be too late to reverse this dangerous trend. »
However, these scientists believe that it is still possible to reverse this trend to allow ecosystems to regain their sustainability. Among the recommended measures is the creation of more natural reserves and stronger laws against poaching. The panelists also advocate for measures to encourage a more plant-based diet and the widespread adoption of renewable energy and other green technologies.

Source : Climate Central / NASA, NOAA.

8 réflexions au sujet de « Notre planète est en danger ! // Our planet is in danger ! »

  1. Bonjour Claude,
    Probabilitesqueries !?
    Il n’est pas nécessaire de faire un gros effort d’imagination pour comprendre ce que l’avenir proche nous réserve. En effet, et depuis la COP 21, nos « pétroliers » ont sans conteste compris que sans avenir financièrement juteux l’extraction du pétrole de plus en plus couteuse (Il faut maintenant pomper, ou investir massivement sans espoir de rentabilité) n’est plus un pôle d’intérêt économique prioritaire. Leur reconversion est déjà entamée et leur capitaux en train de s’orientés vers le tourisme, l’art ou le trafic naval ou aérien, voir vers une main mise sur la production d’énergies renouvelables biens « lithiumisées ». Ainsi la production de « brut » va énormément chuter d’ici peu et amener une pénurie énergétique colossale, créant une « conjonction politiquement correcte » entre préservation de la planète et préservation des capitaux. (Apparemment, seuls les Etats Unis échapperont à cette conjonction en continuant à marcher sur des « Charbons ardents »).
    La première phase de cette création de rareté va être, en toute logique, une envolée des prix et qui bien évidemment se répercutera sur l’ensemble des biens de consommation courants et au premier chef alimentaires. Moins de pétrole signifie moins d’énergie, moins d’énergie signifie moins d’activité, moins d’activité signifie moins de travail et moins de travail signifie moins d’emploi…bref on a compris que la récession globale est bien en train de s’organiser sans même que le commun des mortel en perçoive un moindre soupçon. J’entends déjà nos amis écologistes manifester leur contentement voyant enfin se réaliser leur principale préconisation qu’une bonne cure d’amaigrissement nous fera énormément de bien.
    La phase numéro deux de cet enchainement va être la pénurie totale, bouffe, bagnoles, barques de pêcheurs et mobylettes, habitat, … accompagnée des contraintes et privations de tous genres. Bien sûr dans cette logique, les nantis auront encore la possibilité d’acquérir des « tickets de rationnement », au marché noir. Par contre, qu’adviendra-t-il du « tiers monde » qui en fait représente, plutôt que le tiers, les trois quarts de l’humanité.
    Enfin, la troisième phase de ce joli tableau déjà bien saupoudré de morts et de désolation sera…
    La suite au prochain numéro de la « prospective chabatesque ».
    Si n’avoir pas froid aux yeux peut-être un moteur d’adaptabilité, pour le dos et les pieds c’est le frisson et l’engelure qui inversent cet effet.
    Grande amitié
    Pierre Chabat

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  2. Bonjour Pierre,

    Il m’est même avis que le tout lithium (encore un truc pour l’instant facile à produire qui demande de défoncer la surface et de dégager sinon de détuire ce qui y habitait pour les surfaces d’évaopration sans compter l’utilisation de l’eau et les éventuels effluents) dépend encore pas mal du fossile même pour lui donner sa charge utile. Encore un peu de temps et pour en extraire toujours moins ou pour recycler tout ce bousin lithiumisé, cuivré, doré, néodymé, qui se dégrade dans le temps, il faudra encore plus d’énergie.
    La suite, je n’ose spoiler… 🙂

    Par contre, je vous imagine bien déjà lu quelque uns des articles d’adrastia.org, dont la dernière livraison est celle de Xavier Coeytaux, ou approchant.
    http://adrastia.org/depletion-ressources-coeytaux/

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    1. Bonjour GHTUZ,
      Si vous n’osez point « spoiler », alors je le ferai volontiers pour vous lors d’une de mes prochaines diatribes, un peu de patience.
      Non je n’avais pas pour l’instant fréquenté adrastia, mais je vais le « fer » pendant qu’il est chaud.
      Pour ce qui concerne le vrai sujet, vous avez raison de ramener l’effort de transition énergétique en équivalence tonne de pétrole. En effet, c’est à grand renfort de fuel que le lithium est extrait, ou que les centrale nucléaires sont érigées, sans parler de la construction des éoliennes…, je ne pense pas qu’à la mimine nous parvenions vraiment à nous en sortir. Encore que à nous y mettant à plusieurs, l’avion solaire pourrait peut-être bien véhiculer prochainement, 3 à 4 passagers à 80 km/h. Pas mal non ?
      A bientôt
      Bien amicalement
      Pierre Chabat

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      1. Bonjour Ghuz et Pierre,
        Il y a une douzaine d’années, j’arpentais la Cordillère des Andes et ses superbes lagunes (Laguna Verde, Laguna Colorada, etc). Déjà à cette époque, les Ricains reluquaient le lithium qui se cachait sous les salars. Je me disais que ce serait un crime de souiller la beauté de ces sites. Je crains fort que, là aussi, l’environnement ne puisse lutter avec les intérêts économiques et financiers. Nous vivons vraiment dans un monde pourri!
        Bonne soirée à tous les deux.
        Claude Grandpey

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    2. Bonjour GHTUZ,
      Merci pour votre invitation à me rapprocher d’Adrastia, car effectivement l’approche de Xavier Coeytaux m’a quelque peu rassurer sur l’équilibre de mon état mental. Il demeure cependant toujours un doute quand à la sortie de spirale (Phase 3 dans mes propos), vers l’intérieur ou vers l’extérieur ou même s’il est imaginable qu’il y en est une. Passer du chaos au néant est physiquement inconcevable puisque le néant n’existe pas.
      Très bonne journée
      Cordialement
      Pierre Chabat

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  3. Bonjour Claude,
    A la lecture de tous ces articles — alarmants et non pas alarmistes !!! — j’avais envie (je ne suis pas le premier à le faire) de proposer une légère inflexion de leur présentation : au lieu de parler de la mise en danger de notre planète, ne pourrait-on insister davantage sur la mise en danger de NOTRE survie, de la survie de l’humanité ?

    En effet, sans avoir à y réfléchir longtemps, on peut comprendre que la planète n’est pas du tout en danger : elle survivra toujours aux atteintes les plus sévères que lui inflige(ra) l’humanité ! Il suffit de voir nos planètes voisines, Mars et Vénus : elles sont (devenues ?) et resteront inhabitables pour l’être humain, mais leur survie ne dépend probablement que d’événements astronomiques…

    En revanche, je ne suis pas sûr que l’humanité, malgré toute sa technologie, soit capable de survivre au changement radical (et de plus en plus probable) qu’elle inflige à son environnement ! L’humanité habite une planète dont elle pille les ressources, détruit les hôtes qui contribuent à sa bonne survie, répand ses déchets sans retenue alors qu’il n’y a pas d’éboueurs, empoisonne ses aliments, l’air qu’elle respire et l’eau qu’elle boit, etc, etc…

    Il est malheureusement assez évident que cela changera bien peu l’avidité de « nos » financiers à courte vue pécuniaire, mais cela pourrait peut-être élargir la prise de conscience collective et finir par faire levier sur l’élection de nos dirigeants et décideurs… avant qu’il ne soit trop tard…

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  4. Bonjour Pierre,

    Il ne faut surtout pas s’inquiéter pour sa santé mentale, je crains que les enceintes contenant ce qu’il faut pour marcher sur la tête se soient tellement agrandi que nous finissons par nous sentir à l’étroit. 😉

    Le partage est un début de thérapie.
    Pas forcément un réconfort (enfin moi ça me fait du bien de lire cela aussi, et comme on dit « y a pas de mal à se faire du bien tant que ça ne nuit pas immédiatement aux autres » 🙂 ), mais une bonne mise en perspective de ce sentiment partagé par bien plus de personne qu’on ne se l’imagine… mais nous n’en parlons pas toujours entre fous des fous :
    http://partage-le.com/2017/08/la-civilisation-le-supremacisme-humain-et-lecologie-par-nicolas-casaux/

    Ce site relai pas mal d’information, dont celle-ci, qui rejoint l’étroitessse de notre espace de liberté pour marcher autrement que sur la tête (pour nous la laisser davantage tourner probablement):
    https://reporterre.net/L-humanite-pese-trente-mille-milliards-de-tonnes

    Bonjour Claude,

    Hélas… L’incroyable dans cette histoire de lithium et bien d’autres matières nécessaires (en quantité finies) pour encore plus d’énergies renouvelables (infinies), c’est de nous avoir fait avaler pour préserver le statu quo, que leur extraction, leur exploitation, leur gestion, leur recylclage (s’il y en a, ce sera toujours avec perte) sont supposée protéger, préserver voire sauver l’environnement. Durablement, et, pourquoi pas, équitablement pendant qu’on y est.
    Les anglo-saxons on une formule pour simplifier ce découplage : NIMBY.

    Comme Pierre certainement, je dois tourner en rond dans mes pensées (du moins ce qu’il m’en reste) pour trouver des solutions, des portes de sorties, honorables, durables, faciles, à ma portée… préserver un peu de l’acquis, atterrir en douceur, avoir un futur encore désirable. Pour ses proches, pour soi. Mais pour l’instant, je n’ai rien. Et avec le temps et les annnonces sur l’état des milieux accueillant la vie et ce que nos décideurs comptent réellement encore en faire, je doute que cela puisse être possible.
    En attendant, et ne pouvant plus broyer du noir, en recherchant la simplicité, je « carpe ce foutu diem quam minimum credula postero ». 🙂

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